Thèse soutenue

Érosion d'un massif granulaire par un écoulement souterrain

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Auteur / Autrice : Marie Vulliet
Direction : Eric Lajeunesse
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la terre et de l'environnement
Date : Soutenance le 24/10/2023
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre et de l'environnement et physique de l'univers (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UMR-Institut de physique du globe de Paris (2005-....)
Jury : Président / Présidente : François Métivier
Examinateurs / Examinatrices : Eric Lajeunesse, François Métivier, Pascale Aussillous, Pierre-Yves Lagrée, Michaël Berhanu, Stéphanie Debœuf
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascale Aussillous, Pierre-Yves Lagrée

Résumé

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Les aquifères, constamment rechargés par l'infiltration de l'eau de pluie, sont des réservoirs d'eau souterraine. Celle-ci y est stockée sous forme de nappe phréatique dont la surface libre intersecte parfois celle du relief environnant : l'eau souterraine émerge alors hors de l'aquifère pour s'écouler à la surface. Lorsque l'écoulement est suffisamment puissant, il entraîne les sédiments qui l'entourent, et érode ainsi le paysage, formant une rivière dont la tête recule. Ce processus d'érosion régressive contrôle la forme et la croissance des réseaux de drainage [Dunne, 1980]. Les mesures de terrain indiquent que la vitesse de l'érosion par écoulement souterrain est de l'ordre du millimètre par an [Harrison et al., 2022] : ce phénomène est trop lent pour pouvoir être étudié précisément sur le terrain. L'objectif de cette thèse est donc d'étudier l'érosion d'un massif granulaire par un écoulement souterrain en adoptant une approche expérimentale. Pour cela, nous construisons un massif granulaire dans un canal quasi-bidimensionnel, puis nous forçons l'eau à s'écouler à l'intérieur de cet aquifère. Une nappe se forme, et l'eau souterraine finit par émerger hors de l'aquifère. Un écoulement de surface s'ajoute alors à l'écoulement souterrain, dont nous contrôlons le débit en ajustant la hauteur d'eau à l'entrée du massif granulaire. Lorsque ce débit est suffisamment puissant, l'écoulement érode progressivement le massif granulaire. Dans une première partie, nous caractérisons l'écoulement souterrain et son émergence hors de l'aquifère. En utilisant la loi de Darcy et l'approximation de Dupuit-Boussinesq pour décrire la vitesse et la direction de l'écoulement souterrain, nous prédisons la forme théorique de la surface libre de la nappe. Celle-ci est en bon accord avec la détection expérimentale de la nappe. Les valeurs obtenues expérimentalement pour la conductivité hydraulique de l'écoulement souterrain sont également proches de celles attendues par la théorie. La position de la source, où l'eau souterraine émerge en surface, est ensuite prédite par deux méthodes indépendantes. L'une repose sur des considérations de pression particulières dans la frange capillaire, l'autre utilise l'approximation de Dupuit-Boussinesq et la conservation du débit d'eau. Ces deux méthodes prédisent une même position pour la source, qui coïncide avec celle observée expérimentalement, visualisée par l'injection de colorant dans l'aquifère. Après une période d'érosion régressive, le massif granulaire se stabilise vers une nouvelle forme d'équilibre, différente de sa forme initiale. Nous proposons, dans une seconde partie, un modèle théorique pour caractériser cette forme stable, en considérant que chaque grain à la surface est exactement au seuil d'érosion. Nous considérons d'abord deux points particuliers du massif granulaire : sa source et son pied. Le modèle du seuil d'érosion, basé sur la loi de Coulomb, prédit une pente constante de la surface au niveau de la source, ce qui est bien observé expérimentalement. Au niveau du pied, la pente est en revanche fonction du débit d'eau souterraine. Entre ces deux points particuliers, la forme complète de la surface du massif est d'abord caractérisée expérimentalement. En adimentionnant les dimensions horizontale et verticale des profils granulaires détectés, par des longueurs caractéristiques impliquant le débit d'eau souterraine et la conductivité hydraulique, nous trouvons une forme unique de la surface de suintement. Nous proposons ensuite plusieurs modèles théoriques pour décrire cette forme, en considérant plusieurs approximations différentes (écoulement horizontal, force produite par l'émergence d'eau négligeable, rivière homogène dans l'épaisseur du canal, faible pente du lit). Ces prédictions théoriques sont comparées aux profils détectés : les différents modèles reproduisent plus ou moins fidèlement certaines parties des profils, suivant les domaines de validité des approximations utilisées.