Thèse soutenue

Peut-on faire l'économie de la qualité ? : Les enjeux épistémologiques associés à l’introduction d’une variable de qualité des produits dans la théorie économique

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Auteur / Autrice : Julien Gradoz
Direction : Jean-Sébastien LenfantChristian Bessy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 08/09/2023
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Villeneuve d'Ascq)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé)
Jury : Président / Présidente : Jérôme Gautié
Examinateurs / Examinatrices : Florence Jany-Catrice, Stéphan Marette
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Célia Disdier, Jan-Horst Keppler

Résumé

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Cette thèse porte sur les enjeux épistémologiques associés à l'introduction dans la théorie économique d'une variable de qualité des produits dans la fonction d'utilité des consommateurs et/ou dans la fonction de profit des firmes. Dans un premier temps, cette thèse étudie les différentes définitions de la notion de « qualité » en usage dans la théorie économique, et montre que l'utilisation de définitions alternatives amène à interpréter différemment la variable de qualité des produits dans les modèles. Dans un deuxième temps, cette thèse étudie les deux hypothèses qui permettent à la théorie économique de ne pas avoir à engager une discussion sur la qualité des produits, à savoir l'hypothèse de nomenclature et l'hypothèse d'homogénéité. Ces deux hypothèses, adoptées par exemple par la théorie du monopole pur ou la théorie de la concurrence pure et parfaite en situation d'équilibre partiel, permettent à ces deux théories de se concentrer sur l'étude des mécanismes d'ajustement (sur le marché) en prix ou en quantité, en laissant prudemment dans l'ombre la problématique de la qualité. À l'inverse, lorsque la qualité est introduite comme une variable dans la théorie économique, son introduction s'accompagne du recours à des hypothèses spécifiques, qui déterminent par exemple le nombre de dimensions retenues pour modéliser la qualité, qui définissent si cette variable est qualitative ou mesurable sur une échelle continue ou encore qui déterminent la nature de la relation entre les variables de qualité, de prix et de quantité. Enfin, cette thèse s'intéresse à la manière dont l'introduction d'une variable de qualité des produits dans la théorie économique a nécessité de redéfinir les principales notions utilisées par les économistes, comme la notion de « marché » ou la notion de « produit ». Bien que cette thèse focalise son attention sur quelques modèles spécifiques, comme le modèle d'équilibre général de Debreu (1966), le modèle d'emplacement d'Hotelling (1929), l'approche par les caractéristiques de Lancaster (1966) ou encore le modèle de monopole discriminant de Mussa et Rosen (1978), elle permet d'engager une discussion plus générale sur le rôle de la qualité des produits dans la théorie économique, qui fait l'objet d'une attention de plus en plus soutenue depuis une cinquantaine d'années de la part des économistes théoriciens, des historiens de la pensée économique, des spécialistes de la méthodologie économique, des gestionnaires, des sociologues de l'économie ou encore des économistes conventionnalistes.