Thèse soutenue

Étude du rôle des anomalies régionales de température de surface dans le bilan d'énergie de la Terre : influence sur la température de surface à l'échelle globale

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Auteur / Autrice : Robin Guillaume-Castel
Direction : Rémy RocaBenoit Meyssignac
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Océan, Atmosphère, Climat
Date : Soutenance le 14/12/2023
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l’univers, de l’environnement et de l’espace (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales (Toulouse ; 1995-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Louis Dufresne
Examinateurs / Examinatrices : Paulo Ceppi
Rapporteurs / Rapporteuses : Masa Kageyama, Francis Codron

Résumé

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Les activités humaines perturbent le bilan radiatif de la Terre. En conséquence, la Terre émet moins d'énergie vers l'espace que ce qu'elle reçoit du soleil. Elle stocke alors de l'énergie et se réchauffe. Le réchauffement de la planète affecte les différents flux d'eau et d'énergie qui influencent en retour le bilan radiatif au sommet de l'atmosphère. C'est ce qu'on appelle la réponse radiative de la Terre. La réponse radiative de la Terre détermine l'évolution dans le temps du changement climatique ainsi que son amplitude à l'équilibre. Elle dépend de la température de surface en moyenne globale, et de l'intensité des rétroactions radiatives. Ces dernières sont notamment influencées par les anomalies régionales de température de surface dans le Pacifique tropical, qui sont associées à la circulation atmosphérique dans les tropiques. L'évolution de la réponse radiative affecte le déséquilibre énergétique de la planète, et donc la quantité d'énergie stockée dans le climat ce qui modifie la température de surface en moyenne globale. Dans ma thèse, je cherche à documenter, à quantifier et à comprendre l'évolution de la température de surface globale et en particulier le rôle que jouent les anomalies régionales de température dans cette évolution à travers leur impact sur la réponse radiative. Dans ce but, je propose une nouvelle approximation multilinéaire de la réponse radiative, qui permet d'isoler la contribution des anomalies régionales de température. Cette approche est validée pour des réchauffements modérés (inférieurs à 5°C) en utilisant de simulations de modèles de climat. J'utilise l'approximation multilinéaire de la réponse radiative pour déterminer l'influence des anomalies régionales de température de surface sur le réchauffement global de la surface. Je montre que, à travers leur influence sur la réponse radiative, ces dernières affectent la température de surface en moyenne globale à l'image d'un forçage radiatif. En ce sens, le système climatique répond de manière identique aux variations de réponse radiative causées par les anomalies régionales de température qu'au forçage radiatif. Cela signifie que le réchauffement global de la surface s'écrit comme la somme de la réponse directe au forçage radiatif et de la réponse à la réponse radiative induite par l'évolution des anomalies régionales de température de surface. La contribution des anomalies régionales de température de surface au réchauffement global est quantifiée dans des simulations dans lesquelles la concentration atmosphérique de CO2 est augmentée de 1% par an pendant 150 ans, réalisées avec des modèles de climat de CMIP5 et CMIP6. Les anomalies régionales de température de surface atténuent légèrement le réchauffement sur le premier siècle de simulations. Notamment, la réponse transitoire du climat (TCR) est réduite de 15 ± 9%. L'influence des anomalies régionales de température de surface évolue dans la suite des simulations et certains modèles montre une amplification du réchauffement dans les dernières décennies. Dans ces simulations, la variabilité forcée domine le signal. Mais, les modes de variabilité de la dynamique océan-atmosphère, associés à des variations des anomalies régionales de température de surface, influencent aussi la réponse radiative, et donc la température de surface en moyenne globale. Je montre que la variabilité haute fréquence, par exemple associée à ENSO, est largement atténuée, et affecte peu la température de surface en moyenne globale. En revanche, la variabilité plus basse fréquence, notamment associée à la PDO, est propagée dans le réchauffement global. Les résultats de ma thèse apportent un nouveau cadre analytique qui permet de quantifier le rôle des anomalies régionales de température de surface, forcées par les activités humaines, ou associées à la variabilité interne du climat, sur l'évolution du bilan d'énergie de la Terre et sur le réchauffement global de la surface.