Thèse soutenue

Pour une histoire figurale de la violence : manifestations dans Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard

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Auteur / Autrice : Marilena Karra
Direction : Aline WiameChryssanthi Avlami
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 15/12/2023
Etablissement(s) : Toulouse 2 en cotutelle avec Université Panteion des Sciences Sociales et Politiques (Athènes)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Équipe de recherche sur les rationalités philosophiques et les savoirs (Toulouse ; 1999-....)
Jury : Président / Présidente : Pierre Montebello
Examinateurs / Examinatrices : Evgenia Giannouri, Georges Faraklas
Rapporteurs / Rapporteuses : Stefan Kristensen, Antoine de Baecque

Résumé

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La présente thèse se propose d’examiner la manière suivant laquelle l’œuvre de Jean-Luc Godard, et principalement le film Histoire(s) du cinéma (1988-1998), élabore une nouvelle histoire figurale de la violence et une nouvelle méthode pour entendre et engendrer l’histoire au-delà de la narration. Dans cette perspective, notre interrogation principale porte en premier lieu sur les modalités de représentation (ou non) de la violence dans Histoire(s) du cinéma. Le film est une œuvre morcelée, réalisée entre 1988 et 1998, structurée en quatre parties, qui sont divisées en deux épisodes. Il s’agit donc d’une œuvre en huit épisodes qui prend le caractère d’une histoire expérimentale du cinéma. Pour être plus précise, nous montrerons que l’histoire du cinéma telle qu’elle est restituée par Godard n’est pas un récit extérieur ; elle est au contraire le fruit d’une cristallisation des relations que les figures cinématographiques projetées engendrent lorsque, par le montage, on les compare, on les met à l’épreuve dans des rapports d’analogie et de métaphore, de préfiguration et de réalisation. Le plan de notre étude comporte trois parties où seront examinées les problématiques de la figure, de la violence et de l’histoire. Dans la première partie, nous examinerons la catégorie de la figure en mobilisant l’étude d’Erich Auerbach et ses contradictions inhérentes afin de proposer une méthode d’analyse originale de l’œuvre de Godard : l’analyse figurale. En outre, nous tenterons de cerner le rapport entre pensée et perspective dans le projet du cinéaste, qui se présente comme une histoire de la projection. Nous nous attarderons sur l’élaboration d’un motif godardien principal par rapport aux modalités de construction et de pensée propre des figures cinématographiques, celui de la tangibilité du montage, proposant par ailleurs le rapprochement de ce motif avec une certaine conceptualisation de la violence créatrice en rapport avec la philosophie deleuzienne. Dans la deuxième partie de cette thèse consacrée à la violence, nous commencerons par tenter de lier la méthode de construction d’Histoire(s) du cinéma avec la critique de la violence. Nous montrerons que l’œuvre godardienne entretient un certain rapport avec le montage littéraire chez Walter Benjamin. La conjonction de la critique de l’image, de la violence et de la théorie de l’histoire dans l’œuvre philosophique de Benjamin trouve selon notre approche une manifestation éloquente chez Godard. Enfin, dans la troisième partie concernant le rapport du cinéma de Godard à l’Histoire, nous préciserons trois motifs qui, à notre avis, sont déterminants pour le style de la poétique godardienne et pour sa différenciation radicale d’autres œuvres de ce type, précisément, ceux de la vérité historique, de la multiplicité de l’histoire, et de la vie.