Thèse soutenue

Base biologique et génétique de la domestication de l'algue rouge Palmaria palmata

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Auteur / Autrice : Aurélien Baud
Direction : Philippe PotinChristophe Destombe
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'évolution
Date : Soutenance le 15/12/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de biologie intégrative des modèles marins (Roscoff, Finistère ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Line Le Gall
Examinateurs / Examinatrices : Sylvain Huchette
Rapporteurs / Rapporteuses : Stacy A. Krueger-Hadfield, Ronan Sulpice

Résumé

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L’algue rouge Palmaria palmata utilisée dans l’industrie alimentaire, est récoltée à marée basse dans la zone de balancement des marées. La demande croissante pour cette algue nécessite de franchir un pas pour trouver une alternative économique efficace à la récolte. Plus de 20 années d’essais de culture ont permis d’identifier des méthodes d’ensemencement et de propagation végétative adaptées à la biologie particulière de cette algue rouge, mais sans développement commercial. L’objectif central de mes travaux de thèse était donc de lever les verrous de la domestication de cette espèce. J’ai abordé les premières étapes du processus de domestication chez P. palmata. Ce processus long et complexe nécessitait des connaissances approfondies de sa ressource génétique, de sa reproduction ainsi que des méthodes de conservation de souches en collection. La caractérisation de la ressource est une étape indispensable pour développer une aquaculture durable. Elle nécessite le développement d’outils adaptés afin d’étudier la diversité et la structure génétique des populations sauvages. La compréhension du mode et du système de reproduction de l’espèce est primordiale afin de maîtriser sa propagation en culture, de développer des collections de géniteurs pour initier des programmes de sélection variétale. La structure génétique des populations de P. palmata a été étudiée en utilisant des marqueurs génétiques de type microsatellite que nous avons développé au sein du laboratoire. L’étude des populations le long des côtes bretonnes et à différent niveaux bathymétriques m’a permis de mettre en évidence des différenciations génétiques significatives entre populations séparées par quelques dizaines de mètres. Ces résultats suggèrent d’une part que la dispersion est limitée chez cette espèce et d’autre part que sa structure génétique est fortement influencée par l’isolement spatio-temporel des populations dû au balancement des marées. A plus grande échelle, les résultats confirment l'importance des courants océaniques dominants dans la dispersion de cette espèce. Des expérimentations en jardin commun que j’ai réalisées au laboratoire révèlent des différences de réponses à la température entre populations en fonction de leur origine géographique. Ces résultats ainsi que la différenciation génétique entre populations suggèrent l’existence de phénomènes d’adaptation locale au sein de cette espèce. Contrairement à la majorité des Florideophyceae, le cycle des Palmariales est diphasique. Il se caractérise par l’absence de cystocarpe (phase de multiplication du zygote) et par un dimorphisme important entre mâle et femelle. Les femelles sont microscopiques et les mâles et les tétrasporophytes ont la même forme et peuvent atteindre jusqu’à un mètre de long. L’étude de la biologie des populations en utilisant des outils de génétique des populations m’a permis de mieux comprendre la reproduction chez cette espèce. Les résultats de la phénologie, des génération-ratios et des indices génétiques (Fis, Beta Pareto) montrent que cette espèce se reproduit par voie sexuée. Les croisements expérimentaux réalisés au laboratoire et les observations de terrain suggèrent que les tétrasporophytes présentent une meilleure valeur sélective que les haploïdes. Par ailleurs, j’ai pu montrer expérimentalement que l’initiation de structures reproductrices chez cette espèce dépendait de la taille du thalle. Enfin, dans le but de conserver des souches d’intérêt pour l’algoculture et l’expérimentation, un système de culture versatile capable d’accueillir jusqu’à 120 souches a été développé. Ce système de culture révèle une forte différence d’acclimatation des souches sauvages aux conditions de laboratoire et une grande plasticité morphologique en fonction des conditions de culture. Ces travaux ont donc permis d’établir les bases biologiques et génétiques nécessaire à l’avancement du processus de domestication de cette espèce d’intérêt commercial.