Thèse soutenue

Magmatisme, héritage et déformation autour de l’archipel des Comores, dans le bassin de Somalie. Implications géodynamiques

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Charles Masquelet
Direction : Sylvie LeroyDaniel SauterNicolas Chamot-RookeIsabelle Thinon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géophysique
Date : Soutenance le 08/12/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Géosciences, ressources naturelles et environnement (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de la Terre de Paris (2009-....)
Jury : Président / Présidente : Elia d' Acremont
Examinateurs / Examinatrices : Elodie Lebas, Laurent Michon
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacques Déverchère, Gaye Bayrakci

Résumé

FR  |  
EN

L’archipel des Comores, situé entre Madagascar et le Mozambique, est le siège d’une activité sismique régionale importante. L’île volcanique de Mayotte a notamment subi, en 2018, une crise sismo-volcanique majeure liée à la construction d’un nouvel édifice volcanique sous-marin, Fani Maoré, à 50 km de ses côtes. Diverses hypothèses ont été émises pour expliquer aussi bien l’origine de l’archipel que son évolution récente. Or, tant l’âge de la mise en place des iles de l’archipel que la nature de la croute dans le bassin des Comores sont mal contraints ; ce qui s’explique essentiellement par un manque de données. L’objectif de cette thèse est de replacer l’activité sismo-volcanique récente dans le contexte géodynamique régional et notamment de déterminer l’évolution volcano-tectonique de l’archipel des Comores. Nous avons utilisé les données géophysiques principalement acquises lors de la campagne océanographique SISMAORE (2020-2021), afin d’imager et de décrire l’architecture des domaines sédimentaires, volcaniques et crustales autour de l’archipel des Comores à l’échelle locale et régionale. L’étude du profil de sismique reflexion passant au-dessus du nouvel édifice volcanique Fani Maoré, a permis d’imager la structure interne du volcan et de retrouver une paléo surface pré-éruptive en identifiant le matériel magmatique récent. Nous avons identifié la présence d’une couche volcanique épaisse, correspondant au pied de l’édifice volcanique de l’île de Mayotte reposant sur une couche sédimentaire de 2.5 km. Une stratigraphie sismique cohérente du bassin des Comores a été réalisée afin d’apporter des contraintes en âges sur les évènements volcaniques de la zone en utilisant les rares données de puits dans le bassin des Comores et le bassin de Morondava. Cette stratigraphie sismique a permis de contraindre l’âge du début de construction de l’île de Mayotte à 28 Ma, ce qui révise considérablement les datations faites à terre, datant l’île à 10 Ma. Dans une seconde partie, nous avons observé et identifié, grâce à l’analyse de l’ensemble des profils de sismique réflexion acquis durant la campagne SISMAORE, les différentes phases volcaniques de construction des îles de l’archipel des Comores. Ainsi, nous avons caractérisé au moins 3 phases de construction majeures de l’île volcanique de Mayotte datées à 28, 22, et 9 Ma, grâce à la stratigraphie sismique. De même, nous avons identifié et daté le début de la phase principale de construction des îles de Mohéli (9Ma), Anjouan (4Ma) et Grande Comore (2 Ma) ainsi que du banc de Geyser et Zélée (32 Ma) et des rides volcaniques des Jumelles (4Ma). Le démarrage du volcanisme est donc de plus en plus récent en allant de l’extrémité Est vers l’Ouest de l’archipel. Cette séquence chronologique du début du volcanisme présente plusieurs similarités avec l’évolution temporelle du magmatisme à Madagascar et dans le Rift Est Africain. L'activité magmatique a débuté à l'Oligocène supérieur, suivie d'une période de quiescence au Miocène moyen, puis a repris à la fin du Miocène, coïncidant avec la déformation généralisée le long du Rift Est Africain, y compris ses branches offshores et Madagascar. L’archipel des Comores pourrait ainsi correspondre à une branche du Rift Est Africain initiée dès le début du Miocène. Enfin dans une troisième partie, nous montrons que la croûte autour des Comores est de nature océanique grâce à l’étude des profils de sismiques réflexion et réfraction. La cartographie de la profondeur du toit de la croûte océanique montre un domaine crustal plus profond au Sud de l’archipel qu’au Nord. En corrélant la cartographie de zones de fractures, la direction moyenne des îles de l’archipel des Comores et la présence de réactivation crustale impliquant du volcanisme, nous suggérons que les anciennes zones de fractures dans la direction d’accrétion du bassin de Somalie ont contrôlés, au moins en partie, la mise en place de l’archipel des Comores.