Thèse soutenue

Étude du mode d’action de la radulanine A, une molécule phytotoxique d’origine naturelle

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Auteur / Autrice : Simon Thuillier
Direction : Emmanuel BaudouinBastien Nay
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biochimie et biologie structurale
Date : Soutenance le 02/10/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Complexité du vivant (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de biologie cellulaire du développement (Paris)
Jury : Président / Présidente : Soizic Prado
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Carol
Rapporteurs / Rapporteuses : François-Didier Boyer, Michel Havaux

Mots clés

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Résumé

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La radulanine A est une substance naturelle identifiée dans les années 1970 chez des hépatiques du genre Radula et dont l’activité phytotoxique a été récemment mise en évidence. L’objectif de la thèse a été de déterminer le mode d’action de cette substance en utilisant Arabidopsis thaliana comme plante modèle. La mise au point d’une voie de synthèse totale en 5 étapes a permis de synthétiser la radulanine A ainsi que des analogues structuraux en quantité suffisante pour réaliser l’étude biologique. Cette nouvelle voie de synthèse utilise une étape finale d’extension de cycle par photochimie en flux à partir d’un chromène désigné « Radula chromène » dans le manuscrit. Ce composé, ainsi que les autres intermédiaires de cette voie de synthèse, sont des molécules naturelles également présentes chez des hépatiques du genre Radula. Parmi ces analogues, le Radula chromène et la tylimanthine B présentent une phytotoxicité similaire à celle de la radulanine A. En revanche, l’analogue O-méthylé du Radula chromène apparait biologiquement inactif, suggérant que le groupement phénolique est indispensable à l’activité phytotoxique des composés étudiés. L’étude de la phytotoxicité des analogues a ainsi permis d’apporter les premiers éléments reliant structure et activité phytotoxique de la radulanine A et de ses analogues naturels. L’impact de ces différentes molécules sur le fonctionnement de la chaîne de transfert d'électron photosynthétique a été finement étudié via des analyses de fluorescence des chlorophylles. Les données obtenues indiquent que les analogues bioactifs inhibent le rendement de la chaîne de transfert d’électron photosynthétique au sein des plantules traités. Les analyses de thermoluminescence menées sur des photosystèmes II isolés indiquent que la radulanine A et le Radula chromène, mais pas l’analogue chromène O-méthylé, inhibent la fonctionnalité du site QB du photosystème II. Cette étude établit donc une corrélation forte entre inhibition de la phase photochimique de la photosynthèse et phytotoxicité de la Radulanine A et de ses analogues bioactifs. La Radulanine A est ainsi la première molécule à structure dihydrooxépine identifiée comme inhibitrice de ce site. En parallèle, l’effet du Radula chromène sur le métabolisme de plantules d’Arabidopsis a été étudié via une approche métabolomique par GC-MS. Les quatre-vingt-dix-huit métabolites détectés et quantifiés dans les plantules au cours de cette étude sont majoritairement issus du métabolisme primaire (sucres, acides aminés, acides organiques, purines). Quatre-vingt-deux métabolites présentent une différence significative d’abondance après traitement par le Radula chromène. Les variations sont rapides, et essentiellement observées en réponse à la plus forte dose (400 µM) appliquée. L’application du Radula chromène induit une réduction de la quantité de la plupart des métabolites détectés, suggérant un impact sur la globalité du métabolisme primaire des plantules. Des expériences préliminaires ont été réalisées pour établir un lien fonctionnel entre l’effet du Radula chromène sur le métabolisme et sa phytotoxicité. Dans l'ensemble, l’élaboration d’une nouvelle synthèse totale courte de la radulanine A a permis de définir le potentiel d’inhibition de la photosynthèse par la radulanine A et certains analogues structuraux. Des études supplémentaires ont permis d’identifier la radulanine A, ainsi que le Radula chromène, comme inhibiteurs du photosystème II au sein du site QB. L’étude de l’impact du Radula chromène sur le métabolome primaire des plantules suggère que l’inhibition de la photosynthèse ne serait pas le seul mode d’action responsable de la phytotoxicité. Des analyses complémentaires à l’étude métabolomique telle qu’une étude lipidomique permettrait la vérification de cette hypothèse.