Thèse soutenue

L’arc des Alpes occidentales : cinématique et mécanismes de formation au jour de nouvelles données structurales et paléomagnétiques

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Auteur / Autrice : Quentin Brunsmann
Direction : Claudio RosenbergNicolas BellahsenLaetitia Le Pourhiet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géologie
Date : Soutenance le 30/06/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Géosciences, ressources naturelles et environnement (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de la Terre de Paris (2009-....)
Jury : Président / Présidente : Laurent Jolivet
Examinateurs / Examinatrices : Yann Rolland, Charles Aubourg
Rapporteurs / Rapporteuses : Mary Ford, Alfons Berger

Résumé

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La formation des arcs orogéniques résulte de plusieurs processus tectoniques ayant agi sur la configuration pré-orogénique, pré-collisionnelle ou sur la tectonique collisionelle. La formation de l’arc des Alpes occidentales est attribuée à l’indentation collisionnelle de la marge Européenne et du prisme orogénique par l’indenteur Adriatique. Cependant la direction d’indentation, sa composante rotationnelle et les mécanismes d’accommodation ne font pas consensus et de nombreux modèles cinématiques proposent des explications incompatibles entre elles, afin d’expliquer la géométrie arquée de la chaîne. L’évaluation des différents modèles de formation de l’arc des Alpes occidentales met en avant la probabilité de l’existence d’un proto-arc hérité de la phase de subduction et amplifié par l’indentation Adriatique, essentiellement vers le NW. Ces deux phases permettent d’expliquer la formation de l’arc à l’exception de sa terminaison méridionale E-W. En effet l’orientation des structures de l’arc de Castellane semble héritée des structures pyrénéo-provençales, antérieures à la collision Alpine et réactivées par une convergence N-S post-Tortonien (~12 Ma), sans lien direct avec la collision Alpine. Concernant la direction WNW-ESE des Alpes Ligures, elle semble être influencée par la rotation antihoraire de 50° des Apennins, liée au rollback du slab Adriatique, contemporain de l’ouverture du bassin Liguro-Provençal (23-15 Ma). Une compilation exhaustive des données de paléomagnétisme dans les Alpes a été construite et complétée par 11 sites de nouvelles données. L’étude des rotations d’axe vertical de ces données a permis de réfuter l’existence d’une rotation significative de la plaque Adriatique durant la collision Alpine. Les tests oroclinaux, réalisés à plusieurs échelles, mettent en évidence que l’arc des Alpes occidentales se développe sous l’effet de l’indentation vers le NW à partir d’un prisme orogénique déjà faiblement arqué avant la collision. La marge Européenne ne semble pas subir de rotation, impliquant une propagation d’un arc hérité de la marge passive Mésozoique. La géométrie actuelle de l’arc serait principalement contrôlée par la structure pré-collisionnelle de la marge Européenne que le prisme orogénique adopte sous l’effet de l’indentation Adriatique vers le NW. Sa terminaison méridionale aurait une histoire géodynamique différente. Elle serait le résultat de l’héritage pyrénéo-provençal avec réactivation Miocène dans la Zone Externe, et d’une rotation antihoraire de la Zone Interne, en lien avec l’orogénèse Apennine. L’indentation Adriatique, parfois interprétée comme principalement vers l’ouest, serait accommodée au Sud de l’arc par un décrochement senestre d’environs 50km selon la littérature. Cette interprétation est testée par une étude structurale de terrain, associée à une analyse géostatistique des trajectoires en carte des plans de schistosité et de stratigraphie. Les résultats semblent confirmer l’existence de décrochements senestres associés à une tectonique transpressive syn-collisionnelle. Cependant l’importance de ces décrochements paraît marginale en comparaison des 50 km de déplacement supposé. Cette analyse structurale a par ailleurs mis en évidence une déformation polyphasée dans le Dauphinois, associée à une mylonitisation localisée et caractérisée par un étirement N120°. L’évaluation des températures maximales par la méthode RSCM indique des Tmax supérieures à 350°C à la bordure Nord de l’Argentera, atteignant localement 400°C correspondant à un métamorphisme régional plus important que celui généralement attribué à ce secteur des Alpes. Ce métamorphisme est principalement associé à l’enfouissement tectonique par le passage des nappes internes sur le Dauphinois au début de la collision. Dans la région du massif de l’Argentera, les Tmax dans le Dauphinois correspondent à une profondeur d’enfouissement de 11 km au niveau du Front Pennique diminuant jusqu’à 4 km à l’aplomb de l’arc de Castellane.