Thèse soutenue

Combinatoire géométrique des chemins et des déformations des polytopes convexes

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Auteur / Autrice : Germain Poullot
Direction : Arnau PadrolVincent Pilaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Mathématiques
Date : Soutenance le 19/10/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences mathématiques de Paris centre (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de mathématiques de Jussieu-Paris Rive Gauche (1997-....)
Jury : Président / Présidente : Frédéric Meunier
Examinateurs / Examinatrices : Jesús A. De Loera, Martina Juhnke-Kubitzke, Vic Reiner
Rapporteurs / Rapporteuses : Fu Liu, Lionel Pournin

Résumé

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Les principaux objets du présent manuscrit sont les polytopes : un polytope est l'enveloppe convexe d'un nombre fini de points dans l'espace euclidien R^d. Les polytopes sont la généralisation des polygones et des polyèdres en dimensions supérieures. Dans cette thèse, je tente de mettre en lumière des liens entre les aspects géométriques des polytopes et leurs propriétés combinatoires. Deux concepts sont au cœur de ce voyage polytopal : les permutaèdres généralisés et les programmes linéaires. La première notion découle d'une étude systématique de la combinatoire des polytopes, qui a joué un rôle majeur dans le développement du domaine depuis depuis qu'ils ont été remis sur le devant de la scène au XXe siècle. Les polytopes sont naturellement dotés de propriétés combinatoires : premièrement, on peut essayer de comprendre leurs faces (elles-mêmes des polytopes) et comment leurs faces sont incluses les unes dans les autres. Cela mène à la définition du treillis des faces d'un polytope. Si explorer le treillis des faces d'un polytope est déjà fascinant, la question inverse se révèle encore plus féconde : étant donné une structure combinatoire, comment construire un polytope pour l'incarner ? Un exemple emblématique d'une telle quête est la construction du permutaèdre. Découvert par Schoute en 1911, les sommets du permutaèdre sont en bijection avec les permutations. De plus, ses faces peuvent être étiquetées par les partitions ordonnées, tandis que son graphe (orienté) décrit l'ordre de Bruhat sur les permutations. Cela n'est que la partie émergée de l'iceberg : le permutaèdre peut être déformé pour créer les permutaèdres généralisés. Initialement définis par Edmonds sous le nom de polymatoïdes, leur redécouverte par Postnikov en 2009 a été le point de départ d'une myriade de recherches. En particulier, diverses familles combinatoires peuvent être encapsulées dans la combinatoire de certains permutaèdres généralisés. D'autre part, la programmation linéaire se penche sur les aspects géométriques des polytopes. L'optimisation est connue pour être une théorie extrêmement utile mais notablement difficile, et l'optimisation linéaire englobe les problèmes d'optimisation dans lesquels à la fois les contraintes et la quantité à optimiser sont linéaires par rapport aux variables impliquées. Il existe plusieurs méthodes pour résoudre un problème linéaire, parmi lesquelles certaines ont une complexité polynomiale ; mais la méthode originale, qui reste d'une importance primordiale, est la méthode du simplexe, dont la classe de complexité n'est pas encore pleinement comprise. On peut penser la méthode du simplexe comme l'équivalent de l'élimination gaussienne pour les systèmes d'inégalités linéaires. L'idée clé est de considérer l'ensemble des solutions du système d'inégalités comme un polytope (ou un polyèdre non borné) et de passer d'un sommet à l'un de ses voisins en augmentant la valeur de la fonctionnelle linéaire à chaque étape. Néanmoins, il faut se munir d'une règle indiquant de quelle manière choisir le voisin suivant : c'est la règle de pivot. Le choix d'une bonne règle de pivot a été abondamment étudié, et nous n'avons pas l'intention d'y répondre extensivement ici. Dans ce manuscrit, nous étudions d'une part les permutaèdres généralisés et le cône sous-modulaire, et d'autre part les polytopes de pivot et les polytopes de fibres. Bien que ces domaines interagissent indéniablement tout au long de la présente thèse, les idées venant d'un côté étant constamment appliquées à l'autre, le résultat prééminent créant un pont entre ces deux domaines est la Section 3.3 : nous montrons que le comportement combinatoire de la classe des "shadow vertex rules" peut être comprise plus aisément en interprétant la question dans le domaine des permutaèdres généralisés. Nous espérons qu'une telle nouvelle perspective puisse ouvrir la voie à une meilleure compréhension des règles de pivot.