Thèse soutenue

Étude de la résistance de Plasmodium falciparum et des phénotypes de dormance induite par l'artémisinine : du patient à la cellule

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Auteur / Autrice : Lucien Platon
Direction : Didier Ménard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Microbiologie et immunologie
Date : Soutenance le 29/03/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Complexité du vivant (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Pasteur (Paris). Biologie de Plasmodium et Vaccins
Jury : Président / Présidente : Sandrine Houzé
Examinateurs / Examinatrices : Odile Mercereau-Puijalon, Pascal Millet, Carlo Severini, David Fidock, Olivier Silvie
Rapporteurs / Rapporteuses : Sandrine Houzé, Didier Leroy

Mots clés

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Résumé

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Plasmodium falciparum est l'agent pathogène responsable des formes les plus graves de paludisme. P. falciparum a été responsable de 619 0000 décès et 247 millions de cas de paludisme dans le monde en 2022. Le parasite possède un cycle de vie complexe qui se déroule chez les moustiques du genre Anophèles et les hôtes humains. L'artémisinine et ses dérivés, associés à des médicaments partenaires, constituent les thérapies combinées à base d'artémisinine (TCA) et sont les traitements les plus efficaces actuellement disponibles. Malheureusement, depuis plus de 15 ans, des souches de P. falciparum originaire d’Asie du Sud-est présentent une résistance partielle à l'artémisinine et menacent les efforts de lutte contre le paludisme. Cette résistance partielle a pu être associée à la présence de mutations au sein du gène Pfkelch13 mais également à un retard de croissance (dormance) induit par l’artémisinine, permettant à une partie des parasites de survivre à la drogue. Cette thèse a pour objectif de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à la résistance à l'artémisinine. Elle s'articule autour de 3 axes incluant la compréhension de l’épidémiologie de la résistance en Afrique, l’amélioration des outils permettant de détecter la résistance et l’étude des mécanismes moléculaires et cellulaires. La première partie décrit l'émergence en Érythrée d'un double mutant Pfkelch13 résistant à l'artémisinine grâce à la mutation R622I mais indétectable par les tests de diagnostic rapide car dépourvu des gènes Pfhrp2 et Pfhrp3. Ces données s'inscrivent dans un récent contexte d'émergence de la résistance de P. falciparum à l'artémisinine à travers le continent africain et soulignent l'urgence de mettre en place de nouvelles stratégies de contrôle. Dans la seconde partie de ce travail, une version optimisée du Ring-Stage Survival Assay, un outil de diagnostic clé pour détecter les souches de P. falciparum résistantes à l'artémisinine, a été développée. Cette optimisation du test permet la synchronisation simultanée de plusieurs souches de P. falciparum avec des profils de croissance in vitro différents, permettant de réaliser en parallèle de manière fiable et reproductible, des tests RSA sur plusieurs souches. La troisième partie s'est concentrée sur l'étude de la dormance induite par l'artémisinine en tant que mécanisme de résistance. Nous avons pu mettre en évidence des changements importants dans le métabolisme des stades rings dormants, basés sur le catabolisme des acides aminés. De plus, nous avons pu faire la lumière sur l'inductibilité de la dormance, chez les parasites au stade ring, par des signaux de stress extracellulaires libérés lors de la mort de parasites matures. Enfin, des données préliminaires d’analyse transcriptomique à l’échelle de l’individu a révélé l’existence d’une étonnante diversité parmi les stades rings synchrones et issus d'une souche clonale. Finalement, l'ensemble des données présentées ici suggèrent que la dormance est un mécanisme constitutif chez le stade ring de P. falciparum, dépendant de l'exposition à des signaux extracellulaire de nature et concentration inconnue, indépendant du génotype Pfkelch13. Nous sommes convaincus que ces travaux peuvent servir de base au développement de nouvelle stratégie thérapeutique, basée sur la perturbation des communications extracellulaires du parasite, l'inhibition de l'entrée en dormance et le maintien du parasite dans un état de susceptibilité à l'artémisinine.