Thèse soutenue

Des conceptions scientifiques de l'influence aux interprétations de sens commun : le cas paradigmatique de la soumission à l'autorité de Milgram

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Auteur / Autrice : Mickael Ballot
Direction : Stéphane Laurens
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 17/11/2023
Etablissement(s) : Rennes 2
Ecole(s) doctorale(s) : Éducation, langages, interactions, cognition, clinique, expertise (Rennes ; 2022-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychologie : Cognition- Comportement- Communication / LP3C - EA1285
Jury : Président / Présidente : Manuel Tostain
Examinateurs / Examinatrices : Inna Bovina
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Haas, Laurent Bègue-Shankland

Résumé

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La soumission à l'autorité de Milgram est un pilier de la psychologie sociale. De nombreuses critiques de ce modèle et des théories concurrentes ont émergé depuis une soixantaine d'années. Celles-ci réfutent le caractère passif de l'obéissance et soulignent les failles d'une conception individualiste de l'influence. De plus, de multiples recherches mettent en saillance le rôle de la similarité (e.g. normes, croyances, objectifs) dans le rapport d'influence, faisant écho à la société dans laquelle sont insérés les individus. Dans le cadre de cette thèse, l'objectif est de dissocier la relation d'autorité de ses interprétations de sens commun. La partie empirique vise, d'une part, à examiner le contenu, les déterminants et les conséquences des interprétations naïves d'une situation d'obéissance (études 1-3). D'autre part, les deux dernières études de cette thèse (études 4 et 5) examinent le rôle des processus de collaboration dans le paradigme de Milgram. Dans l'ensemble, ces études permettent de dégager plusieurs résultats. L'analyse des textes du corpus met en évidence une prédominance de discours en faveur d'une interprétation aveugle et passive de l'obéissance (i.e. version de Milgram) (étude 1 ). Si cette interprétation passive est fréquemment mobilisée pour expliquer une situation d'obéissance, certains facteurs comme les conséquences de l'acte ou encore la relation autorité-subordonné viennent moduler cette interprétation (étude 2). L'étude 3 étend ces résultats dans un contexte de « crime sous influence » en mettant en évidence le rôle d'un témoignage suggérant une relation d'emprise dans la détermination d'une peine. L'étude 4 met en évidence que la perception des incitations (collaboration / domination) varie selon le pronom (nous vs. vous) et que cet effet a des conséquences sur l'interprétation de la relation expérimentateur-sujet. Enfin, si notre induction expérimentale en matière de collaboration n'a pas les effets attendus, des liens de corrélations entre les indicateurs de collaboration et l'obéissance ont été obtenus (étude 5). L'ensemble de ces résultats est discuté en référence aux deux conceptions de l'influence (i.e. conception individualiste vs. sociale). La pertinence de se focaliser sur le point de vue des observateurs (vs. des sujets) et d'étudier les discours dans un contexte plus écologique (e.g. entreprise, milieu militaire) est également abordée.