La faille et la ville : Itinéraire d'une fabrique conjointe entre les risques et l'urbain à Istanbul

The seismic fault and the city : An interwoven fabric of risk and the urban in Istanbul

• Auteur / Autrice : Youenn Gourain
• Direction : Valérie November
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Aménagement de l'espace, Urbanisme
• Date : Soutenance le 08/09/2023
• Etablissement(s) : Paris Est
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2015-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (Noisy-le-Grand, Seine-Saint-Denis) - Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (Noisy-le-Grand, Seine-Saint-Denis)
• Jury : Président / Présidente : Elsa Vivant
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Valérie November, Laurent Devisme, Albena Yaneva, Jean-François Pérouse, Sezin Topçu
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Devisme, Albena Yaneva

Mots clés

Mots clés contrôlés

Gestion du risque

Géographie urbaine

Catastrophes naturelles -- Lutte contre

Istanbul (Turquie)

Risques sismiques

Mots clés libres

Fabrique urbaine

Risque sismique

Entremêlements

Dispositifs sociotechniques

Istanbul

Urban fabric

Seismic risk

Entanglement

Sociotechnical devices

Istanbul

Résumé

Cette thèse s'intéresse aux conditions d'émergence du risque sismique à Istanbul - avant que la catastrophe sismique ne se manifeste, en étudiant les structurations entre les échelles géographiques ainsi que les potentiels dialogues entre acteurs et entités parties prenantes dans cette émergence. Particulièrement après le séisme d'août 1999 dans la région de Marmara, l'horizon d'un potentiel grand séisme (olası depremi) à Istanbul assemble les acteurs de la fabrique de la ville autour de sa prise en charge. La recherche s'appuie sur une enquête qualitative pour suivre de près les opérateurs (les scientifiques, les ingénieurs, les institutions publiques de planification et de gestion des catastrophes, les entreprises de construction et de l'immobilier, les associations) qui, au sens de la sociologie des sciences et des techniques, « s'intéressent » au risque sismique. La complexification de la notion de « fabrique » permet de reconceptualiser les modes d'interactions entre les risques et les espaces urbains de manière conjointe et ce, autours de deux faisceaux d'analyse. Le premier faisceau explore l'aspect performatif du risque sismique, afin de comprendre comment ce risque structure l'organisation de l'urbanisme à Istanbul. Dans un contexte d'instabilité économique et politique, les constructions fragiles constituent un enjeu d'intéressement au risque sismique et associent les acteurs du secteur de la construction tout en fragmentant le monde professionnel de l'urbanisme en retour. Le second faisceau examine, à l'échelle des quartiers, les assemblages locaux à l'œuvre dans la fabrique de l'espace urbain, en tant que produits matériels et sociaux des négociations stabilisées ou non des acteurs de l'urbanisme avec les habitant.e.s et leurs porte-paroles (maires de quartiers, associations, solidarités ou centres d'éducation à la catastrophe). Ces derniers mettent en évidence des alternatives pour prendre en charge les risques à partir de nouveaux savoirs. En revanche, leur réinstitutionnalisation à des échelons supérieurs questionne l'uniformisation des pratiques locales. La thèse met en évidence les relations complexes entretenues entre des risques appartenant a priori à des catégories différentes. Elle insiste sur l'idée qu'au gré des traductions du risque sismique, l'aléa sismique est dilué dans des assemblages plus larges d'acteurs, d'entités et de risques corrélés. Au prisme des dispositifs sociotechniques, la thèse éclaire la cohabitation délicate de ces risques en un même lieu, sinon des entremêlements voire des frictions

This thesis focuses on the conditions of the emergence of seismic risk in Istanbul - before the seismic disaster manifests itself, by studying the structurations between geographical scales as well as the potential dialogues between actors and stakeholder entities in this emergence. Particularly after the August 1999 earthquake in the Marmara region, the prospect of a potential great earthquake (olası depremi) in Istanbul assembles the actors of the urban fabric around its mitigation. The research relies on a qualitative survey following closely the operators (scientists, engineers, public planning and disaster management institutions, construction and real estate companies, associations) who, in the sense of the sociology of science and technology (STS), are "interested" in seismic risk. The increasing complexity of the notion of ‘fabric' makes it possible to reconceptualise the modes of interaction between risks and urban spaces in a joint manner and this, around two prisms of analysis. The first prism explores the performative aspect of seismic risk, in order to understand how this risk structures the organisation of urban planning in Istanbul. In a context of economic and political instability, fragile constructions constitute a stake of interest in the seismic risk and associate the actors of the construction sector while fragmenting the professional world of urban planning in return. The second prism examines, at the neighbourhood level, the local assemblages at work in the making of urban space, as material and social products of the stabilised or unstabilised negotiations of urban planning actors with the inhabitants and their spokespersons (neighbourhood mayors, associations, solidarity groups or disaster education centres). The latter emphasize alternatives to deal with risks based on new knowledges. On the other hand, their re-institutionalisation at higher levels questions the standardisation of local practices. This thesis highlights the complex relationships maintained between risks that a priori belong to different categories. It insists on the idea that, as seismic risk is translated, the seismic hazard is diluted into larger assemblages of correlated actors, entities and risks. Through the prism of socio-technical devices, the thesis sheds light on the delicate cohabitation of these risks in the same place and, if not on their entanglements — or even frictions