Thèse soutenue

La matrice intellectuelle du catholicisme social face à l’Etat faible au Congo ( RDC) entre 1990 et 2018

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Auteur / Autrice : Dieudonné Musanganya
Direction : François Mabille
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences Politiques
Date : Soutenance le 30/01/2023
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Organisations, marchés, institutions
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire d'étude du Politique Hannah Arendt (Créteil) - Laboratoire Interdisciplinaire d'étude du Politique Hannah Arendt Paris-Est / LIPHA
Jury : Examinateurs / Examinatrices : François Mabille, Isidore Ndaywel è Nziem, Yves Palau
Rapporteurs / Rapporteuses : Hélène Tessier, Isidore Ndaywel è Nziem

Résumé

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Depuis 1990, la République Démocratique du Congo est entrée dans une longue période de crise politique marquée par la contestation des institutions politiques mises en place par le régime autoritaire du président Mobutu entre 1965 et 1997. Parmi les conséquences de cette cacophonie politique congolaise, il y a la faiblesse de l’État devenu incapable d’assumer ses fonctions régaliennes, notamment la sécurité du territoire national face aux agressions récurrentes des pays voisins ; et d’offrir de services publics de qualité en réponse aux besoins fondamentaux de la population congolaise. Loin de trouver une réponse appropriée dans le processus de démocratisation amorcé au Zaïre par la Conférence nationale(1991-1992) ou encore dans des Accords politiques conclus sous les régimes de Laurent-Désiré Kabila (1997-2001) et de Joseph Kabila Kabange (2001-2018), la faiblesse de l’État congolais a pris plutôt des proportions inquiétantes à partir de 1996 avec la guerre impliquant de nombreuses armées étrangères sur le sol congolais avec comme enjeu, l’accès aux ressources naturelles qui attisent des convoitises et de nombreux prédateurs. A travers notre recherche sur la faiblesse de l’État congolais devenue la figure emblématique d’une « Afrique mal partie » selon l’expression de René Dumont, nous avons constaté que la faiblesse de l’État au Congo a un caractère systémique, c’est-à-dire qu’elle prend sa source dans une crise politique enracinée dans l’histoire du Congo-Kinshasa, un pays qui était d’abord une « propriété privée » du Roi Léopold II des Belges entre 1885 et 1908,avant de devenir une colonie de la Belgique entre 1908 et 1960. L’enjeu de cette appropriation léopoldienne de l’État au Congo est que les différents présidents qui ont exercé le pouvoir après lui, spécialement à partir de Mobutu jusqu’à Joseph Kabila, ont adopté son style de gestion de l’État, c’est-à-dire qu’ils ont géré le Congo comme leur patrimoine privé, actualisant ainsi et sous une forme renouvelée la politique patrimoniale et prédatrice que le même Roi des Belges avait mise en place au sein de l’« État Indépendant du Congo » entre1885 et 1908. Dès lors, les acteurs politiques au sommet de l’État congolais peuvent changer, mais pas leur système de gestion de l’État basé sur la prédation, la personnalisation du pouvoir et l’accumulation des ressources financières et économiques sans distinguer les biens publics des biens privés. Pour légitimer notre thèse qui fait de la gestion patrimoniale du Congo le socle de la faiblesse chronique qui caractérise l’État congolais entre 1990 et 2018, nous avons choisi d’étudier le discours social de l’Église catholique élaboré entre 1990 et 2018, étant donné que cette Église précitée se présente comme un acteur majeur de la scène politique congolaise qui connaît les vicissitudes de l’État moderne depuis son émergence en 1885 au Congo jusqu’aujourd’hui. Après avoir esquissé la conception de l’État qui émerge du discours social de l’Église catholique au Congo, nous allons, ensuite, étudier l’origine de l’État faible au Congo en interrogeant la science politique sur l’évolution historique du concept État, ainsi que les mécanismes par lesquels un État devient faible. Enfin, nous mettrons en évidence l’apport de l’Église catholique au renforcement de l’État au Congo. Un apport à la fois théorique et pratique. Non seulement, il valorise l’engagement politique de l’Église catholique dans l’édification de la nation congolaise ; mais aussi, il définit le rôle de suppléance que joue l’Église catholique au Congo dans le domaine social, notamment dans les secteurs de l’éducation nationale et de la santé publique. L’enjeu de la seconde contribution est de montrer que l’Église catholique joue le rôle d’une « Église-Providence » pour le peuple congolais dont l’État peine à assumer ses responsabilités.