Thèse soutenue

Modifications épitranscriptomiques des ARNt d'Arabidopsis et régulation traductionnelle de l'expression des gènes en réponse au stress

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Auteur / Autrice : Arnaud Dannfald
Direction : Jean-Marc Deragon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie
Date : Soutenance le 16/11/2023
Etablissement(s) : Perpignan
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Énergie environnement (Perpignan)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Génome et Développement des Plantes (Perpignan)
Jury : Président / Présidente : Julio Saez-Vasquez
Examinateurs / Examinatrices : Martin Crespi, Jean-Jacques Favory
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurence Drouard, Christophe Robaglia

Résumé

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La nature sessile des plantes les a poussé à développer de fortes capacités d’acclimatation et d’adaptation. Les plantes ont aussi la capacité de se souvenir d’un événement de stress antérieur afin d’être mieux préparées lors de l’apparition de nouveaux stress : un phénomène que l’on qualifie d’effet mémoire. En condition de stress thermique il est nécessaire pour la survie des plantes qu’elles ajustent finement l’expression de leurs gènes, afin de coordonner la balance entre croissance et défense. Aujourd’hui, de nombreuses études se sont intéressées aux rôles des régulations transcriptionnelles dans l’acclimatation au stress thermique et l’effet mémoire, mais l’implication de la traduction, un processus clé de l’expression des gènes, n’a été que très peu caractérisé. La traduction est régulée par divers éléments, dont les ARN de transfert (ARNt). Ces molécules servent de lien entre le monde des acides nucléiques et celui des acides aminés, en décodant les ARNm et en transportant les acides aminés aux ribosomes. Les ARNt possèdent des modifications chimiques variées, constituant ce que l’on nomme l’épitranscriptome des ARNt. Elles impactent la biologie des ARNt à plusieurs niveaux, y compris leurs interactions avec les ARNm et les ribosomes, influençant in fine la traduction. Récemment, il a été observé que ces modifications épitranscriptomiques sont dynamiques et répondent à des signaux intra- et extracellulaires. Il est proposé qu’elles constituent un nouveau niveau de régulation de l’expression des gènes, modulant la traduction. Néanmoins chez Arabidopsis assez peu d’études décrivent les épitranscriptomes des ARNt et leurs variations. Le but de ma thèse a été de comprendre comment le contrôle de la traduction régule l’expression des gènes, permettant l’acclimatation des plantes au stress thermique et l’établissement de l’effet mémoire. Et aussi, comment varie l’épitranscriptome des ARNt en réponse à différentes conditions. Trois grands axes ont été suivis au cours de mes travaux : l’étude de la variabilité naturelle des modifications chimiques des ARNt, l’impact du stress thermique et de l’effet mémoire sur les régulations traductionnelles et l’impact sur l’épitranscriptome des ARNt. Dans le premier axe j’ai montré pour la première fois l’existence d’une variabilité épitranscriptomique naturelle au sein de différentes populations d’Arabidopsis provenant de différentes régions d’Europe, aux conditions climatiques très contrastées. Les résultats obtenus suggèrent que cette variabilité épitranscriptomique est principalement dictée par des paramètres génétiques. Dans la deuxième partie j’ai mis en lumière l’importance des mécanismes polysomaux (traduction et dégradation co-traductionnelle) dans la réponse au stress thermique et l’établissement de l’effet mémoire chez Arabidopsis. J’ai montré comment l’amorçage permet d’améliorer ses capacités traductionnelles afin de permettre son acclimatation. Dans le dernier axe, j’ai montré l’impact du stress thermique ainsi que de l’amorçage sur la composition des épitranscriptomes des ARNt (engagés ou non dans les polysomes). Enfin, une analyse intégrative des résultats a permis de proposer l’implication d’une modification chimique des ARNt (inosine en position 34) dans une potentielle régulation épitranscriptomique de la traduction. Enfin, cette thèse a permis d’apporter de nouvelles informations sur l’importance des régulations traductionnelles dans la réponse au stress thermique et l’effet mémoire. De plus nous avons apporté de nouvelles connaissances sur la variabilité des modifications chimiques des ARNt chez Arabidopsis. Ces résultats innovants permettent de soutenir l’hypothèse de leur implication dans la régulation fine de l’expression des gènes et d’intégrer ces molécules dans la réponse au stress thermique et dans l’effet mémoire chez les organismes végétaux.