Thèse soutenue

Trajectoires et déterminants des dépenses publiques dans l’Union européenne : les cas de l’Allemagne, de la France et de la Grèce

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Auteur / Autrice : Léo Vigny
Direction : Dany LangArnaud Lechevalier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 27/06/2023
Etablissement(s) : Paris 13
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'écononomie de Paris Nord
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Arnaud Lechevalier, Donatella Gatti, Agnès Labrousse, Jérôme Creel, Laurent Cordonnier
Rapporteurs / Rapporteuses : Corinne Perraudin, Till van Treeck

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse analyse les trajectoires et les déterminants des dépenses publiques de l’Allemagne, de la France et de la Grèce, de 1996 à 2019, dans une perspective institutionnaliste et régulationniste. Partant d’un examen critique des travaux sur les déterminants des dépenses publiques, la première partie présente le cadre théorique. Ces travaux mettent en évidence certaines variables clés pour comprendre l’évolution des dépenses publiques : croissance économique, dynamiques et institutions politiques, mondialisation, évolutions démographiques. Cependant, les résultats contradictoires de ces travaux ne permettent pas de tirer de conclusions univoques quant aux déterminants des dépenses (chapitre 1). Afin de sortir de cette impasse, une approche institutionnaliste est proposée : les évolutions des dépenses publiques résultent alors des interactions entre les institutions du secteur public, des dynamiques politiques et des dynamiques structurelles. Ces dynamiques s’inscrivent à leur tour dans le processus d’intégration politique et institutionnelle européenne, qui prend la forme d’un fédéralisme interétatique asymétrique (chapitre 2). La création de l’union économique et monétaire a conduit à modifier les conditions de financement des États membres. Pour terminer cette première partie, l’existence d’une contrainte budgétaire, qui pèserait sur l’évolution des dépenses est étudiée. Dans une perspective chartaliste, l’absence d’intervention de la BCE sur les marchés souverains, avant 2012, limitait la capacité de certains États, notamment la Grèce, à financer leur déficit (chapitre 3). La seconde partie analyse les trajectoires et les déterminants des dépenses publiques dans le contexte de la zone euro. C’est d’abord la question de la pertinence de l’indicateur des dépenses publiques pour étudier les interventions publiques qui est posée. C’est un indicateur qui rend possible les comparaisons internationales mais qui est peu pertinent pour étudier les institutions publiques. Ces limites s’expliquent par les impératifs politiques qui sous-tendent les indicateurs statistiques mobilisés, en l’occurrence le contrôle des déficits publics (chapitre 4). L’évolution des niveaux et des structures des dépenses publiques des pays de la zone euro est ensuite étudiée à l’aide d’analyses en composantes principales et de méthode de clusterisation. L’intégration européenne n’a pas donné lieu à une convergence institutionnelle. Au contraire, il y a une permanence de clusters avec des niveaux et des structures de dépenses publiques divergents. L’Allemagne, la France et la Grèce appartiennent à cet égard à des clusters différents (chapitre 5). Dans ces trois pays, les interactions entre institutions publiques, dynamiques politiques et évolutions sociodémographiques sont essentielles pour comprendre les trajectoires des dépenses publiques. En Allemagne, le système de protection sociale, de tradition bismarckienne, et la mue néo-libérale des principales forces politiques au tournant du siècle expliquent la stabilité des dépenses sociales dans un contexte de fort vieillissement démographique. La relative universalité du système de protection sociale français, moins remis en cause que dans les autres pays européens avant 2010, y explique la plus forte progression des dépenses. En Grèce, la construction tardive d’un système de protection sociale permet de rendre compte de la forte hausse des dépenses avant la crise financière (chapitre 6). Dans une perspective post-keynésienne, la crise grecque est ensuite analysée comme la crise institutionnelle d’une union monétaire incomplète. La mise en place de plans d’austérité après 2010 est alors le fruit de processus politiques européens et n’est pas déterminée par des raisons structurelles, telles qu’un manque de compétitivité ou des dépenses publiques excessives (chapitre 7).