Thèse soutenue

Les ailes de la gloire : les "As" de l'aviation dans les sociétés allemande et française (1914-1939)

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Auteur / Autrice : Damien Accoulon
Direction : Annette BeckerChristian Kehrt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire contemporaine
Date : Soutenance le 09/12/2023
Etablissement(s) : Paris 10 en cotutelle avec Technische Universität Braunschweig (Allemagne)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire des arts et des représentations (Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Stéphane Audoin-Rouzeau
Examinateurs / Examinatrices : Annette Becker, Christian Kehrt, Stéphane Audoin-Rouzeau, Bruno Cabanes, Jean-Marc Olivier, Julie Le gac, Anne Kwaschik, Steffen Sammler
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Cabanes, Jean-Marc Olivier

Résumé

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Le "chevalier du ciel" est un mythe qui survit à la Grande Guerre. Il est pourtant en profond décalage avec l'expérience commune des soldats. La guerre était-elle si différente dans les airs? Les "As" sont des figures emblématiques de la Première Guerre aérienne : parce qu'ils ont abattu plusieurs avions ennemis, ils bénéficient d'une exposition médiatique qui leur permet de diffuser leur point de vue. Ils sont l'image des aéronautiques allemande et française.Par une prosopographie de 348 de ces hommes, cette thèse confronte leurs trajectoires individuelles aux représentations dont ils sont les vecteurs. Elle met en évidence que la sélection sociale et institutionnelle des pilotes pendant la guerre est un facteur de leur influence. Une fois le conflit achevé, ces aviateurs célèbres – dont seuls deux tiers survivent – disposent d’un capital combattant dont ils font usage pour tenter d’obtenir de meilleures positions sociales. Il est spécialement efficace dans l'aéronautique qui se développe en sortie de guerre et dans laquelle ils font souvent carrière. Ils se retrouvent autrement dans les aéro-clubs où ils occupent des positions de pouvoir et portent l'image des "chevaliers de l'air". In fine, rares sont ceux qui n’entretiennent plus aucun lien avec l’aéronautique après leur démobilisation. Cela explique la permanence du mythe et son développement en une mémoire autonome de celle du reste des combattants. Les aviateurs continuent de se distinguer des autres combattants, et essaient de tirer profit du récit mythique qui conforte leur capital symbolique. Ils servent un propos révisionniste en Allemagne, mettant en avant des soldats qui n’ont fait qu’enchaîner les succès, et portent plus généralement la création des armées de l’Air. Ils en sont des figures majeures, qui transmettent leurs valeurs à leurs successeurs malgré les développements contraires de la doctrine militaire. L’expérience commune de la Première Guerre aérienne est un élément d’identité partagée, et donc de cohésion, mais qui n’empêche jamais les divergences, notamment politiques. C’est en particulier vrai dans les années 1930, quand l’élite nazie s’empare de la mémoire de l’aéronautique militaire et l’instrumentalise pour en faire un ressort de son action.