The uberization of work : psychological antecedents and consequences of organizational dehumanization in service providers
L'ubérisation du travail : antécédents et conséquences psychologiques de la déshumanisation organisationnelle chez les prestataires de service
Résumé
The purpose of this dissertation is to examine the dehumanizing nature of uberization and the associated forms of work and employment (i.e., uberized work). Its first part aims to delineate uberization and uberized work as relevant scientific objects in work and organizational psychology (WOP) and social psychology. By reviewing the literature pertaining to these notions in economy or the sociology of work, we define them and propose a theoretical framework within which to explore their psychological implications. Given the paradox between the independence of uberized service providers and the prescriptive power nonetheless retained by the digital platforms with which they collaborate, we propose to investigate meta-dehumanization (i.e., the perception of being treated as less than human) as a central element of their experience. More specifically, we are interested in the antecedents and consequences associated with the feeling of being treated as a fungible instrument devoid of subjectivity by the platforms that mediate work (organizational dehumanization, OD). The second part of this thesis presents the empirical studies carried out to this end. First, a two-part correlational study was carried out with two samples of uberized workers: app-workers (N = 150) and crowdworkers (N = 327). OD mediates some of the negative consequences associated with the low perception of people-oriented organizational values, such as self-objectification and the emergence of negative affects. Platform tenure, but especially the relative dependence on the associated income, are determining factors in the experience of uberized workers. An experimental study was conducted with naive participants (N = 105). The internalization of an objectified representation of the Self due to an instrumentalizing work situation is all the stronger when the source of this treatment is digital, and this is due to OD perceptions. Uberized workers are therefore particularly vulnerable to this phenomenon compared to workers traditionally studied in WOP. Uberization and its incarnations convey a strictly economic and therefore dehumanized vision of human work, making the prospect of a generalization of these phenomena all the more alarming.
Ce travail de thèse a pour objectif d’interroger le caractère déshumanisant de l’ubérisation et des formes d’emploi et de travail qui en découlent (i.e., le travail ubérisé). Sa première partie vise à circonscrire ubérisation et travail ubérisé en tant qu’objets scientifiques pertinents en psychologie du travail et des organisations (PTO) ainsi qu’en psychologie sociale. A l’aide d’une revue des écrits ayant abordé ces notions en économie ou encore en sociologie du travail, nous les définissons et proposons un cadre théorique au sein duquel explorer leurs enjeux psychologiques. Au regard du paradoxe opposant l’indépendance des prestataires ubérisés et le pouvoir prescriptif que conservent néanmoins les plateformes numériques avec lesquelles ils collaborent, nous proposons d’investiguer la méta-déshumanisation (i.e., la perception d’être traité comme moins qu’un être humain) comme élément central à leur vécu. Plus précisément, nous nous intéressons aux antécédents et conséquences associés au sentiment d’être considéré tel un instrument fongible et dénué de subjectivité par les plateformes médiatisant le travail (déshumanisation organisationnelle, DO). La seconde partie de ce travail présente les études empiriques menées dans ce but. En premier lieu, une étude corrélationnelle en deux parties a été réalisée auprès de deux échantillons de travailleurs ubérisés : des travailleurs des applis (N = 150) et des microtravailleurs (N = 327). La DO médiatise certaines des conséquences négatives associées à la faible perception de valeurs organisationnelles orientées vers les personnes comme l’auto-objectification et l’émergence d’affects négatifs. L’ancienneté de la collaboration mais surtout la dépendance relative envers les revenus associés sont déterminantes dans le vécu des travailleurs ubérisés. Une étude expérimentale a été menée auprès de participants naïfs (N = 105). L’internalisation d‘une représentation objectifiée de Soi due à une situation de travail instrumentalisante est d’autant plus forte lorsque la source de ce traitement est numérique, et cela du fait des perceptions de DO. Les travailleurs ubérisés sont donc particulièrement vulnérables à ce phénomène comparativement aux employés traditionnellement étudiés en PTO. L’ubérisation et ses incarnations véhiculent une vision strictement économique et dès lors déshumanisée du travail humain, rendant la perspective d’une généralisation de ces phénomène d’autant plus alarmante.
Origine : Version validée par le jury (STAR)