Thèse soutenue

Le goût du risque : approches développementale et comparative de l'attitude face au risque économique et physique

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Auteur / Autrice : Anthony Roig
Direction : James RiviereRégis Thouvarecq
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 20/10/2023
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Homme, sociétés, risques, territoire (Rouen)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche sur les fonctionnement et les dysfonctionnements psychologiques (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime ; 2017-....)
établissement co-accrédité : Université de Rouen Normandie (1966-....)
Jury : Président / Présidente : Gilles Lafargue
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Pascalis, Jean-Pierre Thibaut, Christelle Jozet-Alves
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Pascalis, Jean-Pierre Thibaut

Résumé

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Cette thèse traite du « goût du risque » (i.e., la préférence d'un individu pour les options comportant le plus d'incertitude) sous l’angle de trois différentes disciplines : l'économie comportementale, l'éthologie et la psychologie du développement. Sollicitant les approches développementale et comparative, nous étudions le comportement face au risque chez les êtres humains et les primates non humains. Plus particulièrement, nous explorons la trajectoire développementale de la prise de décision sous risque de gain chez l'enfant ainsi que l'influence de la nouveauté sur ce type de décision. Ce travail s’ouvre sur une introduction aux notions de risque et de prise de décision sous risque à travers une approche historique de leur sémantique et des modèles décisionnels en économie (partie 1). Nous présentons les modèles prescriptifs de la décision face à l'incertitude et au risque, puis leur remise en question par les approches psychologiques. Adoptant le cadre d’étude utilisé en éthologie, nous examinons ensuite l’attitude face au risque à travers différents prismes : la phylogenèse, l’ontogenèse, la valeur adaptative et les mécanismes. Dans la partie 2, nous explorons la prise de décision face au risque chez les primates non humains et les enfants humains. La partie 3 comprend les articles produits durant ce travail de thèse, chacun d’entre eux explorant un aspect spécifique de la prise de décision sous risque. La première étude empirique de cette thèse explore l’influence de la nouveauté sur la prise de décision sous risque chez 47 enfants humains âgés de 2 ans et demi et 7 singes capucins bruns. Nous sollicitons un jeu économique où les participants doivent choisir entre deux options : une option garantie et une option risquée caractérisée par un événement inattendu. Nos résultats indiquent que la nouveauté exerce une influence sur la prise de décision sous risque différente chez les singes capucins et les enfants humains. Nous émettons les hypothèses que (i) l'aversion pour le risque dans le domaine du gain chez les capucins reflète une stratégie d'exploitation, et (ii) l’appétence au risque chez les enfants humains reflète une stratégie exploratoire liée à leur attrait pour la nouveauté. Le deuxième article analyse la prise de décision sous risque de gain chez 225 enfants âgés de 7 à 9 ans dans la tâche utilisée dans notre premier article. Nos résultats montrent une réduction de l’attrait pour le risque entre sept et neuf ans. En outre, nous observons une sélection plus fréquente de la nouveauté associée à un risque que celle associée à une garantie. L’attrait pour le risque chez les enfants serait ainsi sous-tendu davantage par une exploration de l’incertitude que par un attrait pour la nouveauté. Le troisième article explore la prise de décision face au risque dans différents contextes chez 60 enfants âgés entre 7 et 9 ans. Il associe un jeu économique et une tâche impliquant un risque physique en situation de traversée de route en réalité virtuelle. Nos résultats montrent que les enfants identifiés comme preneurs de risque dans le domaine économique sont plus susceptibles de faire face à des accidents dans le domaine physique. En outre, la présence d’un véhicule inattendu provoque une diminution de la prudence sur le passage piéton. Là encore, nous considérons qu’une stratégie de recherche exploratoire peut conduire à une augmentation de la prise de risque chez l’enfant. La partie 4 est consacrée à l'analyse et à la discussion des principaux résultats empiriques obtenus. Enfin, nous proposons des ouvertures pour les recherches futures réalisées dans le domaine de la prise de décision sous risque.