Thèse soutenue

Femmes immigrées âgées : les paradoxes de l'invisibilité : Une ethnographie partagée avec des habitantes de Vénissieux et de Marseille

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Auteur / Autrice : Julie Leblanc
Direction : Abderrahmane Moussaoui
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Soutenance le 09/11/2023
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'anthropologie des enjeux contemporains
Jury : Président / Présidente : Adelina Miranda
Examinateurs / Examinatrices : Ahmed Boubeker, Nasima Moujoud
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacques Barou, Sylvaine Conord

Résumé

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A partir d’une ethnographie menée dans deux quartiers populaires, la zone urbaine des Minguettes à Vénissieux et le quartier de Belsunce à Marseille, auprès de 38 femmes, âgées en moyenne de 70 ans, principalement d’origine algérienne, cette thèse analyse les paradoxes relatifs à l’invisibilité sociale des femmes immigrées et âgées qui habitent en France. L’ethnographie est notamment fondée sur un dispositif de recherche partagée mis en place par le biais d’ateliers de recherche et création, co-construits avec les femmes et des professionnelles de l’image et du son. L’approche intersectionnelle mobilisée permet de démontrer qu’à propos de l’immigration, la vision androcentrée et postcoloniale, prégnante au sein des politiques, des médias et des recherches en sciences sociales, a contribué à invisibiliser ces femmes et à les catégoriser comme « inadaptées à la société française ». A rebours des stéréotypes, leurs récits et photographies d’archives personnelles démontrent l’intériorisation des normes de féminité globalisées. La plupart sont aujourd’hui veuves, séparées ou divorcées et continuent à subvenir aux besoins de leurs enfants voire petits enfants, souvent en travaillant de manière déclarée ou non. L’analyse de la construction de leur respectabilité en tant que femmes aujourd’hui âgées montre qu’au moment de leur vieillesse elles mobilisent les capitaux sociaux et symboliques disponibles localement, dont le capital d’autochtonie. Cette thèse contribue à une la déconstruction de l’invisibilité sociale de ces femmes en s’intéressant aux compétences habitantes qu’elles ont développées dans des quartiers qu’elles se sont appropriés. Elle ouvre, de manière plus générale, une réflexion sur les stéréotypes culturalistes assignés aux femmes immigrées d’origine postcoloniale de cette génération pour réinscrire leur parcours dans la perspective des cycles de vie et dans l’histoire plus universelle des femmes âgées de classe populaire.