Thèse soutenue

Impact des variations inter-individuelles et inter-groupes sur l’évolution du langage

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Auteur / Autrice : Mathilde Josserand
Direction : Dan DediuFrançois PellegrinoSerge Caparos
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie cognitive
Date : Soutenance le 01/12/2023
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Dynamique Du Langage (1994-...) - Laboratoire Dynamique du Langage
Jury : Président / Présidente : Jennifer Culbertson
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Claidière
Rapporteurs / Rapporteuses : Marieke Schouwstra, Francesca Tria

Résumé

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La diversité linguistique émerge due à des différences dans nos cultures et environnements. Des recherches récentes proposent également que des variations dans la physiologie et l'anatomie de notre appareil vocal influencerait les sons présents dans les langues, mais nous ne savons pas ces effets peuvent également s'étendre à d'autres aspects du langage, comme le lexique. Ainsi, la première partie de cette recherche se concentre sur l'influence de notre perception sur le lexique, en particulier dans le domaine des couleurs. Plus précisément, nous explorons une hypothèse suggérant que l’exposition au soleil (rayonnement UV) impacterait notre perception des couleurs bleues, ce qui expliquerait en partie pourquoi les populations exposées à des niveaux élevés de rayons UV n’ont souvent pas de terme pour décrire la couleur bleue. Nous avons employé deux méthodes : une analyse statistique incluant des données de nombreuses populations dans le monde, et une expérience naturelle visant à comparer la perception des couleurs entre des participants français et himbas. Les résultats suggèrent que les vocabulaires des couleurs sont façonnés par une combinaison de facteurs environnementaux et culturels. De plus, des différences dans notre perception des couleurs pourraient également jouer un rôle pour expliquer la diversité des vocabulaires des couleurs dans le monde.Bien que cette variation se manifeste au niveau du groupe, nos analyses ont également révélé une variation importante entre individus d’un même groupe, ce qui nous a amenés à nous interroger sur la mesure dans laquelle la langue s'adapte aux particularités de ses locuteurs. La deuxième partie vise donc à comprendre les mécanismes par lesquels la variation interindividuelle affecte l'évolution du langage. Dans un premier temps, nous avons réalisé une expérience en laboratoire visant à étudier l'évolution du langage au sein de groupes composés de quatre individus, et dans lesquels un individu a des capacités langagières différentes des autres. Ensuite, nous avons utilisé des modèles multi-agents bayésiens pour explorer comment une langue émerge au sein de groupes hétérogènes, et comment la structure du réseau contribue à la variabilité linguistique. Les résultats suggèrent que la langue d’un groupe est influencée par la variation apportée par les individus biaisés, même lorsqu'ils sont en minorité. Dans l'ensemble, cette thèse propose que pour comprendre l’évolution des langues, il est crucial de les replacer dans le contexte environnemental, culturel et biologique dans lesquelles elles sont parlées. De plus, ce travail doctoral met en lumière la manière dont la variation entre individus et entre groupes peut influencer l'évolution du langage.