Thèse soutenue

Etude comportementale et de neuroimagerie fonctionnelle des signaux d'intégration du mouvement au sein de la hiérarchie corticale visuelle

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Kim Beneyton
Direction : Kenneth KnoblauchHenry Kennedy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 28/02/2023
Etablissement(s) : Lyon 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Cellule Souche et Cerveau (Bron)
Jury : Président / Présidente : Edmund Derrington
Examinateurs / Examinatrices : Kenneth Knoblauch, Henry Kennedy, Anna Montagnini, Rainer Goebel, Mathilde Bonnefond, Thérèse Collins, Rosanne Rademaker
Rapporteurs / Rapporteuses : Anna Montagnini, Rainer Goebel

Résumé

FR  |  
EN

Les modèles d'intégration du mouvement sont des candidats idéaux pour examiner la hiérarchie fonctionnelle dans le cortex visuel précoce. L'intégration du mouvement a été largement étudiée et constitue un modèle influent, à l'origine représenté comme un modèle hiérarchique à deux niveaux de type ascendant (ou "feedforward", FF), où les signaux descendants (ou "feedback", FB) ne jouaient aucun rôle apparent dans la perception du mouvement. Dans ce modèle, il est proposé que les aires visuelles de bas niveau détectent et encodent linéairement un mouvement unidimensionnel (ou "composant", par exemple, une alternance simple de bandes noires et blanches se déplaçant orthogonalement à son orientation), tandis que les détecteurs de mouvement de niveau supérieur calculent l'intégration non-linéaire de signaux de mouvement plus complexes (ou "pattern", dans l'exemple précédent, deux composants mobiles superposés et intégrés en un mouvement global). Selon ce point de vue, les aires visuelles de bas niveau (aires visuelles primaires et secondaires, V1 et V2) et celles de plus haut niveau (par exemple, MT/V5, aire temporale médiane) représentent différemment les informations relatives au mouvement. Cependant, des données plus récentes provenant de réponses unicellulaires et d'imagerie corticale chez le macaque indiquent que les signaux de mouvements complexes peuvent être enregistrés dès l'aire V1. Ma thèse vise à déterminer si de tels signaux peuvent être détectés dans les aires visuelles précoces du cortex humain et à examiner s'ils peuvent provenir de processus hiérarchiques de type FB. Compte tenu de la grande distance hiérarchique qui les sépare, V1 et MT/V5 ont la particularité d'être relativement fortement interconnectés anatomiquement. Cela suggère que le couplage V1-MT/V5 pourrait jouer un rôle important dans la perception du mouvement. Cette idée est soutenue par un certain nombre d'études indiquant que la connectivité FB entre MT/V5 et V1 pourrait jouer un rôle clé dans la génération de représentations mentales du mouvement perçu sur la base d'une entrée sensorielle incomplète ou illusoire. Il est intéressant de noter que la relation entre ces deux zones peut être étudiée par le biais d'un paradigme bien connu de mouvement bistable, qui consiste à superposer des grilles composantes mobiles d'orientations différentes pouvant générer plusieurs états perceptifs dans le temps. Ces états perceptifs apparaissent comme des changements spontanés entre la perception d'un motif "plaid" cohérent se déplaçant dans une seule direction et celle d'une paire de grilles composantes, glissant de manière transparente l'une sur l'autre dans deux directions différentes. Plusieurs modèles neurocomputationnels ont été proposés pour expliquer les mécanismes neuronaux qui sous-tendent la perception des mouvements bistables. En général, ils proposent que la perception de signaux de mouvement ambigus puisse être expliquée par une compétition entre des populations neuronales qui supportent des représentations distinctes du mouvement. Par exemple, une hypothèse stipule que ces populations neuronales sont composées d'unités excitatrices et inhibitrices qui sont impliquées dans des mécanismes de compétition et d'adaptation dans le temps. Nous avons ensuite mis au point des conditions permettant de déclencher des transitions de perception spontanées tout en maintenant une stimulation visuelle constante. En théorie, les deux états perceptifs en compétition sont équiprobables et consistent en des représentations mutuellement exclusives du mouvement. Pendant que les sujets fixaient une croix centrale, afin de minimiser les mouvements oculaires, la consigne était d'indiquer leur état perceptif. Les analyses de l'activité hémodynamique dans le cortex visual précoce ont démontré que les voxels sélectifs de la direction répondaient de manière préférentielle à l'état perceptif en fonction de la direction correspondante.