Les frontières de la solidarité en France au défi des débats sur le revenu universel
Auteur / Autrice : | Mathilde Duclos |
Direction : | Réjane Sénac, Roberto Merrill |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences Politiques |
Date : | Soutenance le 08/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Ecole(s) doctorale(s) : | Institut d'études politiques (Paris). École doctorale |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches politiques de Sciences Po (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Patrick Savidan |
Examinateurs / Examinatrices : Réjane Sénac, Roberto Merrill, Antonella Corsani, Daniel Dumont, Mathieu Hauchecorne | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Antonella Corsani, Daniel Dumont |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Pourquoi le revenu universel ne fait pas l’objet d’une décision politique ou d’un débat public plus large ? Comment expliquer qu’il reste une « non-solution » ? L’analyse de 60 entretiens menés avec des acteurs de la fabrique des politiques sociales et de la littérature grise confirme l’hypothèse que la mesure n’est pas mise à l’agenda car elle exprime une conception de la solidarité concurrente à celle portée par ces responsables politiques. Le travail doit rester l’horizon de la solidarité. A priori oblique vis-à-vis de cet objectif, l’inconditionnalité est critiquée. L’universalité est, elle, unanimement rejetée : jugée coûteuse et injuste, elle déplacerait aussi ces acteurs hors de leur domaine traditionnel d’intervention. Mais le revenu universel est aussi peu discuté car il serait peu clair. Ensuite, il ne rompt pas nécessairement avec l’idée que la solidarité doit viser le retour à l’emploi : il peut s’agir d’une politique d’activation alternative. Enfin, le fait que le revenu universel incarne une forme de solidarité dépend de ses modalités d’application. Versé sans condition de ressources, cette mesure décale le « pour quoi » de la solidarité et questionne ses frontières. Il ne s’agit pas seulement de lutte contre la pauvreté, mais aussi d’émancipation vis-à-vis de l’emploi. Les outils de la théorie politique permettent de clarifier cette perspective normative et de reconnaître ses mérites et ses limites. Nous critiquons ainsi l’idéal d’autonomie promu par les partisans de la mesure : il ne saurait constituer la pierre angulaire de l’émancipation, au risque de servir le statu quo. Ici, l’idéologie écosocialiste nous paraît être une meilleure boussole.