Thèse soutenue

Fabriquer la transition écologique et solidaire entre Etat et projets de territoire : étude de trois Contrats de Transition Ecologique (CTE) en territoire de montagne

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Auteur / Autrice : Fanny Rodier
Direction : Céline GranjouGwenola Le Naour
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 02/10/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Ecosystèmes et sociétés en montagne (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Alain Faure
Examinateurs / Examinatrices : Alice Mazeaud, Simon Persico
Rapporteurs / Rapporteuses : Gilles Pinson, François-Mathieu Poupeau

Résumé

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La transition écologique constitue un mot d'ordre aujourd'hui largement relayé par les politiques, visant à réarticuler des objectifs de durabilité dans un contexte social et écologique qui s'est profondément modifié depuis l'émergence de l'idée de développement durable dans les années 1980. Les injonctions à la sortie de modèles de production et de consommation fondés sur les hydrocarbures, le développement des mouvements de décentralisation et de territorialisation ainsi que la multiplication d’initiatives citoyennes marquent le contexte de mise à l’agenda de la « transition » dans l’action publique environnementale.Le Contrat de Transition Écologique (CTE) constitue un nouvel instrument d'action publique mis en place à l’échelle des intercommunalités dans l’optique d’accompagner les territoires dans tous les aspects d’une transition écologique voulue, génératrice d’activités économiques et d’opportunités sociales. Il ne s’accompagne pas d’une enveloppe financière dédiée, mais se veut facilitateur des projets portés par les acteurs des territoires.La thèse s’intéresse à la manière dont le dispositif des CTE peut contribuer à construire et concrétiser certaines conceptions de la notion de transition écologique dans l’action publique, et notamment autour des rôles respectifs de l’État et des territoires dans la fabrique de la transition. Nous faisons l’hypothèse que s’opposent au moins deux types de conception de la transition, qui engagent deux visions différentes des relations État/territoire. Tandis que le mouvement des Transition Towns promeut la relocalisation et la création d’une communauté d’appartenance territoriale, l’institutionnalisation de la transition, telle qu’analysée par Semal (2017), témoigne plutôt d’une relation où l’État reste maître de la définition et de la mise en œuvre de la transition. Sans tenter de nous insérer dans l’une ou l’autre de ces conceptions, nous cherchons plutôt à identifier précisément celles à l’œuvre dans les CTE. Nous interrogeons alors : Quelles conceptions de la transition sont construites dans le dispositif des CTE ? Et dans quelle mesure contribuent-elles à renouveler l’action publique, notamment en ce qui concerne les rôles de l’État et des territoires ?Nous nous intéressons à travers cette question de recherche au passage du vocabulaire de développement durable à celui de transition écologique, notamment à travers une analyse de l’évolution du nom associé au ministère de l’environnement ainsi qu’en identifiant les récits de la transition dans la genèse du CTE à l’échelle nationale. Nous montrons que dans les conceptions de la transition, les territoires et leurs relations avec l’État y sont centrales. Ensuite, nous étudions plus précisément trois territoires, leurs caractéristiques, leur récit de la transition et le rôle des acteurs majeurs dans leur CTE : Grenoble Métropole associée au Trièves, le Briançonnais, Écrins, Guillestrois et Queyras et le Royans Vercors. Enfin, nous identifions et décrivons un nouveau type de gouvernement (hybride du gouvernement à distance, à crédit et de la gouvernance territoriale) que nous appelons gouvernement par délégation, dans lequel l’État tente de piloter à distance la transition mais sans moyens et sans définition claire, il tend surtout à déléguer aux territoires qui peuvent alors se réapproprier le dispositif sous réserve d’ingénierie et de portage politique.Pour y répondre, la thèse déploie une enquête incluant une soixantaine d’entretiens semi-directifs avec des représentant·es du ministère de la Transition écologique, des élu·es, des technicien·nes et des parties prenantes nationales et locales (de trois territoires de montagne) ; un travail de revue de presse et des observations de réunions et d’interactions, que nous analysons via une approche par les « récits ».