Thèse soutenue

L'équipe libanaise de wushu : histoire d'une construction identitaire

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Patricia Zaidan
Direction : Didier Rey
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 24/11/2023
Etablissement(s) : Corte
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnement et sociéte (Corte ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lieux, identités, espaces, activités (Corte, Haute-Corse)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Olivier Chovaux, Paul Dietschy, Tarek Assaf, William Gasparini, Eugène F.-X. Gherardi
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Chovaux, Paul Dietschy

Mots clés

FR  |  
EN

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

Le wushu, souvent connu en Occident sous le nom de kungfu, est bien plus qu'un simple art martial ; il symbolise une quête profonde d'harmonie entre le corps, l'esprit et l'âme, s'enracinant fermement dans la philosophie chinoise. Son histoire et sa diversité en font un sport riche et complexe, mêlant combats, esthétique, méditation et philosophie. Ses origines, ses caractéristiques, et ses multiples styles montrent la profondeur et la richesse de cet art.Ce sport, autrefois principalement pratiqué en Chine, s'est internationalisé, notamment grâce à l'émigration des maîtres chinois et à la popularisation de Bruce Lee à travers le cinéma. Cependant, malgré cette expansion internationale, le wushu a eu du mal à obtenir une reconnaissance en tant que discipline olympique, ne faisant son entrée qu'aux Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2026. Cette reconnaissance tardive pourrait être perçue comme une manifestation du soft power chinois.Au Liban, le wushu a dû être adapté pour répondre à la culture locale. Néanmoins, avec le temps, cette adaptation est devenue une partie intégrante de la pratique du wushu dans le pays, donnant naissance à des champions de haut niveau malgré un environnement sportif hautement politisé. La première partie de la thèse a également abordé l'aspect institutionnel du wushu, soulignant les efforts de l’IWUF pour augmenter la popularité du sport à l'international. Elle a mis en exergue l'interaction étroite entre sport et politique, citant Pierre Blanc sur l'importance du sport comme reflet des enjeux sociétaux et politiques d'un pays. En fin de compte, le wushu est un microcosme reflétant à la fois des aspirations traditionnelles et des dynamiques modernes.La deuxième section de cette thèse porte sur la genèse et l'évolution du sport au Liban, reflet de l'histoire complexe et fracturée du pays. D'une part, certaines disciplines sportives et clubs témoignent de clivages communautaires, tandis que d'autres révèlent une unité nationale transcendante. L'analyse débute par un examen du paysage sportif libanais, en particulier de la manière dont la distribution politico-religieuse influence le sport. Une attention particulière est accordée à l'histoire des arts martiaux au Liban. Au-delà des violences des années de guerre, les arts martiaux avaient une place dans les traditions villageoises. Avec l'émergence des sports de combat modernes dans les années 1960, certains ont choisi de s'unir sous une fédération, cherchant à standardiser les règles de compétition pour garantir l'équité et la sécurité.Un sport, en particulier, se démarque : le wushu, introduit au Liban par Jean Khoury en 1970. Cette discipline s'est rapidement institutionnalisée et internationalisée, gagnant en prestige grâce à ses performances exceptionnelles. À travers des entretiens, la thèse retrace les trajectoires des fondateurs de la Fédération libanaise de wushu kungfu (FLWKF) ainsi que des membres clés de l'équipe nationale de 2019.La dernière section pose des questions cruciales sur l'identité de la FLWKF. Qui la compose ? Pourquoi certains choisissent-ils le wushu ? Où se situent les femmes dans cette dynamique ? Quelles sont leurs relations avec d'autres entités sportives, telles que le COL ?Bien que la FLWKF soit actuellement majoritairement chrétienne, elle a été fondée par une combinaison de chrétiens et de musulmans. Contrairement à d'autres fédérations, la FLWKF n'a jamais exclu les membres de la communauté musulmane. Les raisons de cette composition sont attribuées à la géolocalisation des clubs et aux choix de carrière des fondateurs. Malgré les tensions sociopolitiques au Liban, la FLWKF démontre que les divisions communautaires n'ont qu'un impact minime sur les performances sportives.