Thèse soutenue

Dynamique spatio-temporelle de la mangrove du Sénégal : Caractérisation de la résilience des espèces végétales par la modélisation spatiale des processus biologiques

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Auteur / Autrice : Florent Lombard
Direction : Julien Andrieu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 20/12/2023
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Étude des structures, des processus d'adaptation et des changements de l'espace. UMR 7300 (Nice ; 2012-)
Jury : Président / Présidente : Véronique Helfer
Examinateurs / Examinatrices : Cheikh Mbow
Rapporteurs / Rapporteuses : Aude Nuscia Taïbi, Marc Robin

Résumé

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Les mangroves du Sénégal se caractérisent par une couverture partielle des estrans. En effet, proportionnellement à la salinité des eaux et des sols, la partie haute des estrans est trop salée et acide pour la vie des palétuviers. Ces espaces sont appelés les tannes. L'interface entre la mangrove et les tannes fluctue dans le temps, en réaction aux variations de l'hydrosystème, suivant les fluctuations climatiques. Ainsi, les fluctuations de la limite mangrove-tanne définissent la plage de métastabilité et de résilience de l'écosystème de mangrove dans les estuaires du Sénégal. Une période de sécheresse entre la fin des années 60 et le milieu des années 90 a entraîné la conversion des mangroves en tannes en raison de l'augmentation de la salinité. Cependant, depuis la fin des années 1990, les précipitations sont revenues à des niveaux proches de la moyenne centenaire, favorisant ainsi la régénération des mangroves dans les estuaires du Saloum et de la Casamance. Dans la partie sahélo-soudanienne du Sénégal, le delta du Saloum, en milieu semi-aride, présente des caractéristiques de marge d'aire de répartition en raison des salinités extrêmes. La mangrove dans ce delta réagit principalement de manière spontanée aux fluctuations environnementales, offrant ainsi une opportunité d'étudier sa résilience face aux perturbations hydro-climatiques. En outre, des lacunes de connaissances entravent la compréhension des raisons de cette dynamique. La pondération de l'importance des facteurs qui influencent la dynamique spatiale de la mangrove est donc enjeu scientifique. Par conséquent, une méthodologie basée sur la mise en synergie de la télédétection, de données in-situ ainsi que la modélisation statistique et spatiale a permis d'appréhender la réaction de la mangrove aux changements de l'hydrosystème. Cette approche implique tout d'abord l'observation et la description de la dynamique des populations d'espèces en marge de l'aire de répartition sur un état de référence actuel. Puis l'identification des changements de régime dans les dynamiques environnementales et leur impact sur la répartition des populations d'espèces au cours des dernières décennies ont été envisagés. Enfin, des expérimentations ont été menées pour évaluer la réponse des processus de reproduction aux seuils de transitions environnementales identifiées. Une modélisation spatio-temporelle a d'abord permis de reconstituer ces changements de régimes. Ensuite, la fenêtre d'opportunité de germination des espèces en fonction de la variabilité temporelle hydro-climatique a pu être caractérisée afin d'identifier l'instabilité potentielle du système face aux perturbations.Les résultats de cette thèse indiquent que les fluctuations climatiques des dernières décennies ont affecté la structure spatiale de la répartition des espèces. La mangrove du Saloum a montré une résilience globale face aux changements pluviométriques, oscillant entre 500 mm et 700 mm de précipitation annuelle, notamment dans les parties du delta où les concentrations en sel sont les plus élevées. De plus, les conditions hydro-climatiques actuelles semblent favoriser une trajectoire de la mangrove allant du tanne vers une couverture partielle de l'estran, où Avicennia germinans trouve rarement les conditions propices à son établissement et à la colonisation de l'interface mangrove-tannes. Sa capacité d'établissement semble nécessiter des cumuls pluviométriques plus importants et un moment plus précoce dans la saison des pluies. Ainsi, les résultats de cette thèse mettent en évidence, de manière plus précise, qu'un seuil pluviométrique de 600 mm peut probablement induire des modifications de l'organisation spatiale des espèces de la mangrove, en fonction de son atteinte en août ou en fin d'année.