Thèse soutenue

Structures rétiniennes nerveuses et vasculaires : des biomarqueurs des structures cérébrales ?

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Auteur / Autrice : Sara Cristina Lima Rebouças
Direction : Catherine HelmerCécile Delcourt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique Option Epidémiologie
Date : Soutenance le 14/12/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : Sociétés, Politique, Santé Publique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux population Health
Jury : Président / Présidente : Stéphanie Debette
Examinateurs / Examinatrices : Claudine Berr
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Paques, Alexis Elbaz

Résumé

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La rétine et le système nerveux central sont anatomiquement reliés, en raison de leur origine embryologique commune. Les structures de la rétine pourraient constituer une « fenêtre » pour l’évaluation des structures cérébrales. La rétine est en effet beaucoup plus facilement observable que le cerveau. Au niveau rétinien, deux types de structures peuvent être visualisées : les structures nerveuses, notamment les couches rétiniennes, et la microvasculature rétinienne. Les différentes couches rétiniennes peuvent être évaluées de façon non invasive, rapide et peu coûteuse via la tomographie par cohérence optique (OCT). Les vaisseaux rétiniens quant à eux, sont directement visualisables sur des photos du fond d’œil, et des paramètres du réseau vasculaire rétinien tels que la tortuosité ou la complexité du réseau peuvent être obtenus par des logiciels d'analyse semi-automatique ou grâce à l’utilisation de méthodes d’intelligence artificielle. Récemment, de nouvelles technologies permettant une évaluation plus fine de la microstructure vasculaire rétinienne et de la paroi des vaisseaux rétiniens ont été développées comme l’OCT-angiographie et l’optique adaptative. Nous faisons l’hypothèse que des changements au niveau rétinien (structurels et au niveau vasculaire) pourraient refléter des changements structurels et de microvascularisation au niveau cérébral ; ces atteintes cérébrales peuvent être évaluées grâce à l'imagerie cérébrale ou par les signes cliniques qu'elles entrainent, comme la survenue d'une démence. Dans cette thèse, afin de tester cette hypothèse, nous avons dans un premier temps examiné les associations entre l’épaisseur des couches nerveuses rétiniennes et i) les volumes cérébraux, ii) les épaisseurs corticales, iii) et la microstructure de la substance blanche dans une population de jeunes adultes sans pathologie connue. Ensuite, nous avons analysé les associations entre l’épaisseur des couches nerveuses rétiniennes d'une part et la microvasculature rétinienne d'autre part avec la démence chez des sujets âgés de la population générale. Dans la cohorte i-Share (Internet-based Students Health and Research Enterprise), constituée de sujets jeunes, nos résultats suggèrent des associations entre l’épaisseur des couches nerveuses rétiniennes et les structures cérébrales, notamment au niveau des voies visuelles, mais aussi dans des aires d’association entre différentes zones cérébrales ; ces associations ont surtout été retrouvées avec des marqueurs évaluant la microstructure de la substance blanche cérébrale. Dans la cohorte de Trois Cités Bordeaux-Aliénor, constituée de personnes âgées, deux études ont été menées pour évaluer les liens avec la démence. Concernant les couches nerveuses rétiniennes, nous avons décrit les trajectoires évolutives de l’épaisseur de ces couches chez des futurs déments et des témoins appariés, mettant en évidence un déclin plus important de l’épaisseur de la couche des fibres nerveuses rétiniennes (RNFL) chez les futurs déments. Concernant la microvasculature rétinienne, nous avons analysé si des paramètres rétiniens mesurés initialement étaient associés à la survenue d'une démence dans les 10 années suivantes. Nos résultats suggèrent qu'une plus grande tortuosité des vaisseaux et dans un moindre degré une augmentation des calibres des veinules étaient associées à la survenue d'une démence, avec des associations spécifiques pour certaines étiologies de démence. Ainsi, dans l’ensemble, nos résultats suggèrent que l’imagerie rétinienne pourrait fournir des informations pour l’étude du cerveau, que ce soit au niveau des structures cérébrales ou en lien avec la démence. Cependant, des études supplémentaires sont nécessaires afin de mieux comprendre les relations entre ces deux organes, et afin de préciser dans quelle mesure les structures rétiniennes pourraient représenter des biomarqueurs des structures cérébrales et être utiles sur le plan clinique (…).