Thèse soutenue

Impacts du changement climatique sur la dérive larvaire de poissons marins : des frayères aux nourriceries côtières

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Auteur / Autrice : Violette Silve
Direction : Henrique CabralHilaire Drouineau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Écologie évolutive, fonctionnelle et des communautés
Date : Soutenance le 08/12/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et Environnements
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Ecosystèmes aquatiques et changements globaux (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Katell Guizien
Examinateurs / Examinatrices : Marie Nevoux
Rapporteurs / Rapporteuses : Anik Brind'Amour, Christophe Lett

Mots clés

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Résumé

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Le changement climatique se traduit par de multiples modifications dans l'environnement marin, notamment des altérations de l'hydrodynamique et l'augmentation des températures. De nombreuses espèces de poissons marins dits « estuarins-opportunistes » présentent un période de dérive larvaire passive entre leurs zones de ponte (souvent sur le plateau continental) et leurs zones de nourriceries pour les juvéniles (estuaires ou zones côtières). Le changement climatique pourrait avoir un impact significatif sur le succès des individus à atteindre ces nourriceries (dit "succès de recrutement"). La taille des larves, ainsi que leur grande dispersion rendent les études in situ difficiles et la modélisation biophysique l’outil privilégié pour étudier ce stade de vie. Comprendre et prédire l’évolution de ces populations dans un océan en changement passe par comprendre les processus en jeu et prendre conscience des avantages et des inconvénients que l’usage de ces modèles induisent. Pour ce faire, nous avons utilisé MARS3D, un modèle hydrodynamique développé à l’IFREMER, couplé à un module de déplacement de particules Lagrangien reproduisant la croissance et le comportement des larves. Nous nous sommes basés sur des espèces bien documentées, utilisées en tant qu’archétypes biologiques.En raison de la complexité de ces modèles et de l'incertitude des paramètres utilisés, la première étape fut d'évaluer la sensibilité du modèle utilisé. Nous avons montré que l'hydrodynamique locale et la variabilité interannuelle façonnaient le plus le succès de recrutement, bien plus que les paramètres biologiques ou les caractéristiques des espèces. Les valeurs renseignées pour la tolérance à la température prenaient de l’importance aux limites des aires de répartition des espèces, montrant ainsi comment la température peut modifier les distributions spatiales.Cela nous a conduit à nous interroger sur les conséquences potentielles que les changements dans l'hydrodynamique locale pourraient avoir dans les années à venir. Plus précisément, nous nous sommes demandés si la localisation des frayères permettant un succès de recrutement fort était stable malgré des conditions environnementales contrastées. Nous n’avons trouvé aucun changement dans l'emplacement des frayères les plus efficaces, bien que leur efficacité relative variait considérablement d'une année sur l'autre. D’un point de vue évolutif, cela suggérerait que la sélection naturelle pourrait privilégier les mécanismes d’homing.Après cette étape, nous nous sommes demandés si les habitats d’intérêt (frayères et nourriceries) identifiés dans la littérature étaient des zones permettant un meilleur recrutement des larves par rapport à des zones théoriques (basés sur des gammes de profondeur). Nous avons montré que ce n'était pas le cas. Ainsi, cela impliquerait que l'hydrodynamique et le comportement des larves ne suffiraient pas à expliquer seuls l'emplacement observé des frayères et nourriceries.Plusieurs effets du changement climatique sur la dérive larvaire ont été mis en évidence durant cette thèse, notamment le rôle de la température sur la distribution des larves de poissons, l'impact limité sur l'emplacement des frayères, et le plus grand succès de recrutement au cours d’années caractérisées par un indice NAO et une température élevée. Toutefois, ce travail repose sur une approche théorique, posant la question des choix dans l'échelle spatiale utilisée et dans le degré de précision mis dans la modélisation. Le manque de données limite les moyens de validation, ce qui entrave l'application directe des sorties de modèles dans des cas concrets. Nous recommandons que les futures recherches s’intéressent à l'acquisition de données in situ. Les méthodes indirectes (comme la génétique ou la géochimie des otolithes) peuvent ouvrir une voie dans le futur pour une meilleure calibration et validation des modèles.