Thèse soutenue

Sauvage en ville : le sanglier bordelais

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Auteur / Autrice : Carole Marin
Direction : Laurent CouderchetNicolas Lemoigne
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Geographie
Date : Soutenance le 26/06/2023
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Passages (Pessac, Gironde ; Pau ; Talence, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Frédéric Tesson
Examinateurs / Examinatrices : Yanni Gunnell, Nathalie Blanc, Christine Saint-Andrieux, Virginie Vaté
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédéric Tesson, Yanni Gunnell

Résumé

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Le sanglier est une espèce remarquable. Doté d’une fécondité et d’une flexibilité comportementale notables, le gibier prisé des chasseurs ne se cantonne plus aux espaces chassés. Les politiques de nature urbaine ont favorisé une continuité écologique depuis les milieux agro-forestiers jusqu’au cœur de la ville, l’animal profite désormais des sites d’alimentation, de repos ou de reproduction que lui offrent les espaces naturels, semi-naturels et agricoles des grandes agglomérations européennes. L’animal n’est pas de passage, nous montrons qu’il se sédentarise. Impensé des politiques urbaines, le sanglier urbain prend les sociétés humaines au dépourvu. En ville, le modèle gestionnaire fondé sur la chasse est inadapté et le problème reste envisagé comme une situation de crise. Tandis que la bête noire des chasseurs devient celle des gestionnaires, les préoccupations dépassent largement le conflit humain-sanglier initial. Inscrite dans un climat de tensions entre acteurs humains, la lutte contre l’ensauvagement spontané de la nature urbaine convoque les sphères culturelles et politiques. Formidable modèle d’étude des mutations environnementales, biologiques et sociétales contemporaines, la situation révèle les limites et les contradictions du système actuel de gestion de la grande faune. Nous cherchons à comprendre les mécanismes à l’origine de l’impasse gestionnaire du sanglier urbain. Le problème est écologique, spatial, social et culturel ; son étude nécessite de penser les espaces du sanglier, les espaces des sociétés humaines, les trajectoires sociales et animales. Il justifie une analyse symétrique des dimensions biophysiques et humaines du socio-écosystème dans lequel il s’inscrit. Nous réalisons un suivi naturaliste pour objectiver et comprendre la géographie physique du sanglier, nous analysons le poids des pratiques, représentations et jeux politiques dans l’élaboration des réponses gestionnaires, nous confrontons les résultats factuels aux idées reçues. Portant sur un phénomène désormais largement médiatisé mais encore peu connu, la thèse a pour ambition de montrer l’intérêt d’une rencontre entre approche systémique et approche analytique, la pertinence d’un exercice interdisciplinaire et l’importance d’une analyse ancrée sur le terrain pour appréhender des phénomènes complexes impliquant des acteurs humains et animaux.