Thèse soutenue

Lʼimaginaire de Babel chez Baudelaire et Dostoïevski : littérature, architecture, plurilinguisme

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Auteur / Autrice : Margot Buvat
Direction : Isabelle Poulin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophone et comparée
Date : Soutenance le 12/05/2023
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Plurielles (Pessac (Gironde)) - PLURIELLES Langues- littératures- civilisation (UR 24142) / Plurielles
Jury : Président / Présidente : Pierre-Yves Boissau
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Poulin, Delphine Rumeau, Jérôme Thélot, Karen Haddad-Wotling
Rapporteurs / Rapporteuses : Delphine Rumeau, Jérôme Thélot

Résumé

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Cette thèse propose de penser ensemble les arts littéraires et architecturaux au milieu du XIXe siècle à partir d’un corpus comparatiste. Babel, dont Victor Hugo dit qu’elle est le grand symbole primitif de l’architecture, est en effet aussi celui du plurilinguisme. Si une certaine lecture du mythe biblique voit la pluralité des langues comme une entrave à la construction en commun, ce travail de recherche fait pourtant le pari que la littérature en plusieurs langues peut bâtir d’autres sortes d’espaces architecturés, des espaces sans lieu, vivants et toujours mobiles. Baudelaire et Dostoïevski sont au centre de l’étude et composent la grande majorité du corpus, qui entre aussi ponctuellement en résonance avec le corpus plus secondaire (francophone, russophone ou anglophone) d’une bibliothèque qu’ils ont pour partie en partage. Le dispositif critique ainsi posé est donc de bien des façons sans frontières, et propose un parcours de lecture original dans les œuvres complètes de deux auteurs dont on dit pourtant bien souvent qu’ils sont nationaux. Ces deux grands créateurs de formes (poème en prose, roman dia-logique) que sont Baudelaire et Dostoïevski sont contemporains mais ne se sont jamais lus. D’un bout à l’autre de l’Europe, ils suivent une trajectoire intellectuelle analogue, qui les mène du socialisme utopique de jeunesse à des idées réactionnaires à la fin de leur vie. Dans leurs écrits et leurs pratiques entre les langues, on peut lire un regard particulier sur l’espace vécu ou imaginé, regard imprégné des bouleversements architecturaux de leur temps. C’est pourquoi la méthodologie du travail accorde une large place à l’histoire (de l’art et des idées) et s’attache à rappeler combien les architectures sont des formes dans lesquelles ont peut déchiffrer fictions et idéologies. La notion d’imaginaire organise la réflexion de la thèse, en ce qu’elle est à même de se saisir des images et des constructions concrètes et réelles aussi bien que des images et des constructions fictionnelles, circulant dans une époque et un espace donnés. Elle permet en outre une étude au croisement de l’intime et du collectif. Le propos s’organise en trois temps et brosse tout d’abord un portrait de Baudelaire et Dostoïevski en architectes, en s’attachant à décrire les gestes que ces auteurs ont en commun avec les constructeurs et les penseurs du bâti. Le deuxième moment s’intéresse aux architectures imaginaires circulant entre les époques et les frontières, d’une langue à l’autre, et que contribuent à bâtir Baudelaire et Dostoïevski. Pour finir, la thèse s’attache à montrer la façon dont l’écriture moderne est architecturée par le vis-à-vis, de l’échelle intime jusqu’à celle du monde.