Thèse soutenue

Les emblèmes mamelouks (648/1250-923/1517) : Etude d'un système emblématique proche-oriental médiéval

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Auteur / Autrice : Simon Rousselot
Direction : Laurent HablotSyrinx von Hees
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes médiévales
Date : Soutenance le 18/03/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec Westfälische Wilhelms-Universität (Münster, Allemagne)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Laboratoire : Savoirs et Pratiques du Moyen Âge au XIXe siècle (Paris)
Jury : Président / Présidente : Albrecht Fuess
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Hablot, Syrinx von Hees, Albrecht Fuess, Laurent Macé, Julien Loiseau, Jean-Michel Mouton, Clément Onimus
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Macé, Julien Loiseau

Mots clés

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Résumé

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L'objet de la présente thèse est d'appréhender dans sa globalité le système emblématique utilisé par les sultans et émirs mamelouks entre la seconde moitié du XIIIe siècle et le début du XVIe siècle, ses origines, ses représentations et ses fonctions. Appelés dans les sources de l'époque « rank », les emblèmes mamelouks sont une curiosité au sein du monde islamique. Leur particularité tient au fait qu'ils sont inséparablement liés aux Mamelouks, d'anciens esclaves-soldats ayant régné sur l'Egypte et le Proche-Orient (Palestine, Syrie, Liban) jusqu'à la conquête ottomane. Même si leurs représentations ont évolué au cours des décennies, on peut succinctement décrire ces emblèmes comme une composition graphique en couleur inscrite dans une forme circulaire divisée d'un à trois champs au sein desquels sont représentées des figures issues d'un vaste répertoire provenant essentiellement des mondes perse et islamique et symbolisant autant le monde palatial (coupe, sabre…) que le monde végétal (fleur-de-lis…) ou le monde animal (lion et aigle). Les emblèmes mamelouks sont probablement nés de la fusion de multiples pratiques proto-emblématiques (rosette utilisée par certains souverains ayyoubides, emblèmes auliques du Khw?rezmsh?h, bannières emblématisées…) antérieures à l'avènement du sultanat. Leur adoption a été possible par le croisement de ces pistes en Égypte, la plupart des utilisateurs de ces dernières fuyant l'avancée des Mongols à l'Est. L'innovation des emblèmes mamelouks tient au fait qu'ils ont formé un système de signes stable et dynamique tout au long du sultanat. Si au début de la période ils fonctionnent principalement comme des marqueurs d'identité individuelle, les règnes des sultans Barq?q et Faraj, en s'appuyant sur leurs maisonnées, les a transformés en marqueurs collectifs indiquant le groupe auquel les Mamelouks appartiennent et le maître qu'ils servent. Grâce à sa position d'interface entre le monde méditerranéen et celui de l'Océan Indien, le sultanat mamelouk a été un acteur politique, économique et diplomatique incontournable pendant deux siècles et demi. Son importance a été telle que les pratiques emblématiques des Mamelouks ont été connus des Européens ou ont influencé des souverains musulmans voisins. Dans les deux cas, la connaissance et l'influence emblématique sont fortes quand les États ont des relations étroites (rank représenté fidèlement sur des tableaux vénitiens, adoption d'emblèmes semblables par les Rassoulides du Yémen) mais elles sont faibles quand les États ont des relations distantes (rank stéréotypé sur les cartes marines majorquines, emblèmes des Nasrides n'ayant rien à voir…).