Thèse soutenue

Usages politiques et populaires du savoir astronomique : entre science et utopies révolutionnaires (France, 1871-1939)

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Auteur / Autrice : Florian Mathieu
Direction : Hélène GispertDavid Aubin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire des sciences
Date : Soutenance le 30/11/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Sociales et Humanités
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Études sur les sciences et les techniques (Orsay, Essonne ; 1992-....)
référent : Faculté des sciences d'Orsay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Humanités-Sciences du patrimoine (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Alain Michel
Examinateurs / Examinatrices : Jérôme Lamy, Laurence Guignard, Virginie Fonteneau
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérôme Lamy, Laurence Guignard

Résumé

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Sous la troisième République, de nombreux militants du mouvement ouvrier se sont intéressés à l’astronomie, s’appuyant parfois sur cette science pour élaborer et défendre des discours révolutionnaires. Cet intérêt s'inscrit à la fois dans un contexte plus général de « popularisation » de l'astronomie dans l’espace public, d’un important développement de sa pratique chez les amateurs et de la prise en compte des enjeux d'éducation populaire de la part de nombreux militants, au moment où le mouvement ouvrier se structure. Ma thèse propose ainsi une histoire populaire de l’« Astronomie populaire », en se structurant autour de trois axes de réflexion :1) Astronomie, classes populaires et question révolutionnaireDans ce premier axe, je m’intéresse aux productions d’acteurs du mouvement ouvrier qui accordent une place importante à l’astronomie au sein de leurs réflexions politiques. Il s’agit ainsi de mieux comprendre cette articulation entre étude du cosmos et théorie révolutionnaire, qui apparaît à plusieurs reprises chez différents militants.On peut également distinguer chez ces militants deux catégories distinctes : ceux appartenant à l’élite intellectuelle mais s’engageant à la façon de théoriciens et « porte-paroles » de la classe ouvrière, et ceux directement issus du prolétariat ayant acquis des connaissances de manière autodidacte. Cette distinction m’amène notamment à interroger les différentes catégories auxquelles le terme « populaire » peut renvoyer : l’astronomie populaire est-elle une astronomie faite pour le peuple ou bien par le peuple ?2) Une science au service de l’émancipation ? L’astronomie dans l’éducation populaireDans ce deuxième axe, je m'intéresse à la place de l’astronomie au sein de diverses initiatives d'éducation populaire. Alors qu’il n’existe pas d’enseignement officiel de cette science dans les programmes de l’école primaire élémentaire, on retrouve sa trace à plusieurs reprises au sein d’expériences éducatives portées par les nouveaux mouvements pédagogiques qui apparaissent à cette période (pédagogies libertaires, Éducation nouvelle, Éclaireurs de France etc.).Du côté des adultes, en plus des nombreux ouvrages et revues de vulgarisation, c’est aussi sous la forme de cours publics et de conférences que l’astronomie a pu se diffuser. On retrouve par exemple régulièrement cette thématique dans les programmes des Universités Populaires des années 1900.3) Le peuple des amateurs : sociétés savantes et astronomie populaireJ'étudie dans ce dernier axe les dynamiques sociales qui structurent le milieu des astronomes amateurs. J'y interroge notamment les processus d'intégration ou d’exclusion des classes populaires au sein des différents clubs et sociétés d'astronomie, généralement animés par des individus de condition aisée.Ce milieu tient néanmoins un rôle important entre celui des professionnels et celui des militants du mouvement ouvrier. Si certains de ces derniers vont devenir des astronomes amateurs, la plupart vont surtout s’appuyer sur des revues de vulgarisation et sur des documents produits par les cercles d’amateurs.Une autre particularité de mon travail de thèse est d’intégrer l’échelon local, à travers l’étude de deux sociétés d’astronomes amateurs, à Toulouse et à Montpellier. Ma recherche développe ainsi une approche locale de ces cercles pour mieux saisir leur inscription dans la ville, et leurs interactions avec un public plus large.Les différents acteurs étudiés dans cette thèse revendiquent tous peu ou prou une dimension « populaire » dans leurs démarches, mais selon des acceptations du terme parfois très éloignées. Ce travail tente ainsi à la fois de préciser ces différentes utilisation d’un même terme accolé comme adjectif à un savoir scientifique, tout en mettant en évidence l’usage politique particulier de cette science par des militants révolutionnaires, dans la perspective d’une transformation radicale de la société.