Thèse soutenue

La mise en œuvre de "l'observance" dans le diabète de grossesse : analyse des rapports sociaux inégalitaires en maternité

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Aurélie Racioppi
Direction : Mahamet Timera
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 13/12/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité de recherche Migrations et Société. UMR 8245 (CNRS). UMR 205 (IRD) (Paris et Nice ; 2014-)
Jury : Président / Présidente : Anne Paillet
Examinateurs / Examinatrices : Anne Paillet, Sylvie Fortin, Priscille Sauvegrain, Elie Azria
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Fortin, Priscille Sauvegrain

Résumé

FR  |  
EN

L'objectif de cette thèse est de porter un regard sociologique sur le suivi médical du diabète gestationnel (DG). Cette entrée par l'une des principales pathologies de la grossesse me permet de travailler le concept d' « observance » - défini par le monde médical comme le degré de conformité des comportements des patient·e·s aux prescriptions et aux recommandations des professionnel·le·s de santé - avec les outils de ma discipline. L'analyse sociologique de l'observance dans le DG est traversée par des enjeux analogues à ceux du diabète de type 2 quant à l'évolution du statut du malade et l'asymétrie dans la relation de soins, mais aussi par les questions portant sur la surveillance médicale et sociale des femmes enceintes. Etudier la mise en oeuvre de l'observance et ses effets dans le suivi médical du DG permet d'examiner les rapports de pouvoir qui se jouent dans la relation soignantes-femmes enceintes. Cette notion est alors définie comme une rénovation des processus de surveillance de la vie qui justifie un exercice de la contrainte socialement différencié et dont les femmes enceintes s'emparent de manière également différenciée selon leur position sociale. Il s'agit d'interroger comment l'observance traverse l'institution « maternité » et quelles sont ses effets en termes de rapports de pouvoir et d'inégalité sociales de santé ? Dans une perspective pragmatique la thèse examine le sens et les usages de l'observance par les soignantes et comment ceux-ci sont appropriés par les femmes enceintes développant un DG. Pour cela, elle mobilise des concepts issus de la sociologie de la santé, de la sociologie des professions médicales mais aussi de la sociologie des relations inter-ethniques et du cadre de l'intersectionnalité. Cette recherche montre que l'observance des femmes enceintes ayant un DG constitue un élément structurant de l'organisation institutionnelle, de l'éthos professionnel et des relations entre les différents groupes professionnels, qui rend difficile l'émergence d'un autre paradigme. Combinée à une relation de soin marquée par une surveillance et un exercice de la contrainte socialement différencié auxquels les femmes font face de manière variable selon leurs dipsositions sociale, la mise en oeuvre de cette observance par les soignantes comporte la possibilité de soins inégalitaires. En mobilisant des matériaux qualitatifs issus d'observations non participantes et d'entretiens semi-directifs, les analyses portent sur les différents niveaux que sont l'organisation institutionnelle, la division du travail, l'expérience des femmes enceintes et la relation soignantes-soignées, au cours du suivi médical du DG.