Thèse soutenue

Aube de l'extériorité à l'ombre du monde : essai de création d'un récit du développement de la relation à autrui et à l'extériorité, de la naissance à quinze mois.

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Auteur / Autrice : Jonathan Chesnel
Direction : Rosa Caron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Recherches en psychanalyse et psychopathologie
Date : Soutenance le 17/09/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....)
Jury : Président / Présidente : Emmanuel de Saint Aubert
Examinateurs / Examinatrices : Rosa Caron, Emmanuel de Saint Aubert, Pierre Delion, Agata Zielinski
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuel de Saint Aubert, Pierre Delion

Résumé

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Il est très difficile de rejoindre le vécu du nourrisson. Il reste en grande partie irreprésentable. Malgré tout, il est probablement utile, pour la clinique périnatale, de tenter de s'en donner une certaine représentation. Cette tentative est donc à la fois utile et inachevable. Un récit du développement de la relation à autrui et à l'extériorité permet une approche de ce vécu, tout en soulignant, dans le même temps, que ce vécu demeure insaisissable. En effet, un récit autorise à une créativité conceptuelle tout en indiquant d'emblée la distance entre son contenu et ce qu'il cherche à rendre sensible. Pour ce travail, cette création s'étaye de rencontres cliniques et d'un ensemble théorique où se retrouvent les sciences développementales, les sciences cognitives (statistiques bayésiennes), la psychanalyse et la phénoménologie. L'enfant, en naissant, serait, en quelque sorte, déjà au monde. S'il n'est pas certain que la fin de la vie utérine corresponde à la fin d'un premier monde, il est indubitable que le monde du nouveau-né est alors considérablement et particulièrement rapidement remanié. La nouveauté se présente à lui de façon très fréquente. Certaines sensations/perceptions toutes nouvelles doivent certainement être ininterprétables. Tout ceci n'est pas nécessairement source de traumatisme. En revanche, il est très vraisemblable que le nouveau-né, pendant un temps plus ou moins long, ait à faire avec un vécu sensoriel foisonnant ou magmatique. Le vécu du nourrisson est-il alors magmatique, comme sa sensorialité, ou est-il seulement tout proche d'un magmatique qui menace ? Cela doit certainement dépendre de chaque nourrisson, aussi bien de ce qui lui serait propre, que de l'environnement dans lequel il se retrouve plongé. Ce que Winnicott appelait la préoccupation maternelle primaire a pour fonction essentielle de permettre une adaptation parentale très fine aux besoins de l'enfant. Cette adaptation doit permettre au nouveau-né de retrouver des repères sensoriels connus pendant la vie intra-utérine et de découvrir, à son rythme, des aspects du monde extra-utérin dans lequel il est plongé. Ainsi, l'arrivée dans le monde se fait au sein d'un monde materné où l'enfant est exposé et introduit à ce qu'il est en mesure de rencontrer. Progressivement, l'enfant devient capable d'explorer le monde de façon organisée. Son monde retrouve alors une certaine inertie et une sorte de stabilité où les remaniements incessants se ralentissent suffisamment pour permettre de prendre pied dans le monde et les relations. C'est alors peut-être que les sourires-réponses commencent à se produire. Pendant tout ce temps et pendant encore plusieurs mois, l'extériorité ne se montre qu'à peine. L'objet est subjectif, il suit le rythme de l'enfant. Le monde de l'enfant est tout autant pétri de monde mis à sa portée (monde materné) que d'éléments plus déstabilisant qui pourront progressivement être intégrés. Plus tard, l'enfant grandit en capacité à sentir ce qui se produit chez autrui et repère plus facilement les différentes émotions qui se produisent en lui. Cela se tisse en parallèle de ses capacités de préhension et posturales. Autour de cinq ou six mois, ce processus intriqué ouvre l'enfant à une possibilité beaucoup plus grande d'explorer les choses par lui-même, selon son style. S'ouvre alors pour le bébé une possibilité de découvrir un espace personnel. Le monde se présente à lui d'une façon beaucoup moins ménagée ou maternée. L'extériorité se montre bien davantage. Cette manifestation se produit sur le fond d'un monde qui la rend possible et, tout à la fois, amorti son irruption. Autrui peut alors progressivement se manifester dans son étrangeté. Le self peut, du même coup, s'apercevoir. Ainsi le bébé peut prendre conscience de manière concomitante de son point de vue et de celui d'autrui. La position dépressive, avec son cortège d'avancées développementales, devient alors prépondérante dans la dynamique psychique