Thèse soutenue

Retentissement cardiaque ventriculaire gauche et inflammatoire systémique per effort et à long terme de la pratique de l’ultra-trail à intensité modérée chez des hommes amateurs sains

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Auteur / Autrice : Romain Jouffroy
Direction : Jean-François ToussaintJuliana Antero-Jacquemin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du sport
Date : Soutenance le 01/12/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du sport, de la motricité et du mouvement humain (Orsay, Essonne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport (2014-....)
Jury : Président / Présidente : Philippe Noirez
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Noirez, Grégoire Millet, Valérie Bougault, Francine Côté, Stéphane Besnard, Solène Le Douairon Lahaye
Rapporteurs / Rapporteuses : Grégoire Millet, Valérie Bougault

Résumé

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En population générale, toute augmentation de l’activité physique (AP) engendre des bénéfices sanitaires désormais clairement établis. Cependant ces effets bénéfiques sont à mettre en balance avec des risques propres à la pratique. De plus, l’impact négatif de la pandémie de Covid-19 et des confinements successifs sur le nombre de pratiquants et l’intensité de leur pratique a largement limité les effets attendus des campagnes préventives en faveur de l’AP. Le bénéfice sanitaire de la pratique d’une AP régulière et modérée n’est donc plus discuté ; en revanche celui d’une AP prolongée et intense, comme la participation à une ou des épreuves d’« ultra-endurance », avec une durée d’exercice supérieure à 6 heures, est peu étudié et sujet à débat. De plus, depuis les années 2000, le nombre d’épreuves d’ultra-endurance et de participants sont exponentiellement croissants, notamment dans les disciplines de course à pied pratiquées en pleine nature, dénommées « ultra-trails », légitimant la question des effets sanitaires potentiels, immédiats et à long terme, de la participation à de telles épreuves, notamment chez les amateurs, soit la quasi-totalité des participants de cette discipline nouvelle et non professionnalisée. Ainsi, l’hypothèse de départ de cette thèse est la suivante : l’ultra-trail à intensité modérée chez des amateurs sains n’est pas associée, ni à court ni à long terme, à des conséquences somatiques ou extra-somatiques délétères sur la santé. Nous rapportons ici les modifications cardiaques et inflammatoires per-effort associées à une participation isolée à une épreuve d’ultra-trail de 80 km ainsi que le retentissement cardiaque après 10 ans de pratique d’ultra-trail, chez des hommes amateurs sains. La participation isolée à une épreuve d’ultra-endurance a des effets statistiquement significatifs, et de relevance clinique faible, sur la fonction cardiaque et l’inflammation systémique durant la course. L’originalité de nos travaux, réalisés à terme court (durant ou juste après l’épreuve), repose sur l’évaluation de la cinétique de survenue per effort des conséquences observées lors d’une épreuve d’ultra-endurance. Lors de la participation à une épreuve d’ultra-trail isolée, nous observons la survenue précoce et progressivement croissante de modifications écho-cardiographiques des fonctions ventriculaires gauches et des variations de paramètres de l’inflammation systémique en rapport avec l'intensité initiale de l’effort puis une stabilisation des effets observés lorsque l'intensité de l’effort diminue. Après 10 ans de participation régulière à des épreuves d’ultra-trail, nous n’observons pas non plus de conséquences cliniques ni d’altération des critères écho-cardiographiques de la fonction cardiaque ventriculaire gauche chez des hommes amateurs sains.Il n'est cependant pas possible d’affirmer que la participation au long cours à des épreuves d’ultra-trail ait un effet cardiaque bénéfique. En effet, les hommes amateurs initialement inclus, dans la cohorte de suivi à 10 ans, avaient tous une fonction cardiaque gauche globale normale ; nous n’avons pas observé de valeurs supra normales au terme des 10 ans de pratique. En conclusion, chez des hommes amateurs sains, la participation isolée à une épreuve d’ultra-trail à intensité modérée est associée à des modifications cardiaques et inflammatoires systémiques rapidement résolutives, de durée limitée à la durée de l’épreuve et de relevance clinique faible. Par ailleurs, après 10 ans de pratique régulière de ce type d’épreuves, nous n’observons pas de conséquences délétères cliniques ni écho-cardiographiques sur les paramètres de la fonction cardiaque ventriculaire gauche. Les résultats des travaux à venir devraient permettre d’évaluer l’éventuel bénéfice sur la qualité de vie physique et psychologique de la pratique à long terme de l’ultra-trail.