L'idéologie néolibérale : justification des inégalités de genre et frein à l'action collective féministe

Neoliberal ideology : justification of gender inequalities and barrier to feminist collective action

• Auteur / Autrice : Lola Girerd
• Direction : Virginie Bonnot
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Psychologie
• Date : Soutenance le 02/12/2022
• Etablissement(s) : Université Paris Cité
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine ; 1996-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychologie Sociale : Menaces & Société (2009-... ; Boulogne-Billancourt)
• Jury : Président / Présidente : Fabrizio Butera
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Fabrizio Butera, Céline Darnon, David Bourguignon, Delphine Martinot, Daniel Priolo
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Céline Darnon, David Bourguignon

Mots clés

Mots clés contrôlés

Psychologie sociale

Différences entre sexes

Normes sociales

Participation sociale

Féminisme

Identité collective -- Aspect politique

Idéologie

Libéralisme économique

Mots clés libres

Idéologie néolibérale

Identité politisée

Identification féministe

Action collective

Justification du système

Neoliberal ideology

Politicized identity

Feminist identification

Collective action

System justification

Résumé

Etudier les freins à l'engagement des femmes dans des actions collectives en faveur de leur groupe est essentiel si l'on veut comprendre la persistance des inégalités de genre. Cette thèse s'intéresse à l'un de ces freins, l'idéologie néolibérale, considérée comme un outil de préservation du statu quo et donc des inégalités de genre. Dès lors, la thèse défendue est que l'idéologie néolibérale diminuerait l'identification politisée de féministe et par ce bais, l'engagement des femmes dans des actions collectives en faveur de leur groupe. Plus spécifiquement, il est proposé que cette idéologie entrave l'identification féministe de deux manières : 1) en adaptant les femmes au bon fonctionnement du système néolibéral et ses composantes patriarcales, et 2) en offrant des arguments de légitimation des inégalités de genre. L'hypothèse centrale de cette thèse est testée au travers de trois Chapitres. Le Chapitre 1 vise à développer une définition empiriquement fondée de l'idéologie néolibérale. Le Chapitre 2 porte sur la fonction d'adaptation de cette idéologie et teste l'hypothèse selon laquelle l'exposition à l'idéologie néolibérale diminue l'engagement des femmes dans l'action collective. Enfin, le Chapitre 3 étudie la fonction de légitimation en testant l'hypothèse selon laquelle les femmes temporairement motivées à justifier le statu quo adhéreraient alors plus fortement à l'idéologie néolibérale et par conséquent, s'identifieraient moins comme féministes. Au final, cette thèse aboutit, grâce à l'analyse qualitative d'entretiens individuels, à la construction d'un outil, le NOQ (Neoliberal Orientation Questionnaire) qui met en évidence quatre dimensions de cette idéologie : la compétition, l'auto-régulation, le détachement relationnel ainsi que le retrait de l'Etat. En outre, si l'exposition à la dimension méritocratique de l'idéologie néolibérale permet effectivement de réduire l'identification et l'action collective féministe, plus de recherches sont, à ce jour, nécessaires pour conclure qu'il en va de même lorsque toutes les dimensions de l'idéologie sont considérées. De même, plus d'études doivent être menées afin d'aboutir à un paradigme permettant d'activer la motivation à justifier le système et ainsi tester l'hypothèse du Chapitre 3. Il apparaît cependant que l'adhésion à l'idéologie néolibérale s'accompagne effectivement d'une plus grande justification des inégalités de genre. En somme, cette thèse permet de développer notre connaissance de l'idéologie néolibérale du point de vue de la psychologie sociale et illustre en partie en quoi elle est susceptible de représenter une entrave à l'égalité de genre.

Investigating the barriers to women's engagement in collective action on behalf of their group is essential to understanding the persistence of gender inequalities. This dissertation focuses on one of these obstacles, neoliberal ideology, which is considered a tool for preserving the status quo and thus gender inequalities. It is argued that neoliberal ideology diminishes the politicized identification of women as feminists and thus the engagement of women in collective action on behalf of their group. Specifically, it is proposed that this ideology hinders feminist identification in two ways: 1) by adapting women to the well-functioning of the neoliberal system and its patriarchal components, and 2) by providing arguments for the legitimization of gender inequalities. The central hypothesis of this dissertation is tested over three Chapters. Chapter 1 aims to develop an empirically grounded definition of neoliberal ideology. Chapter 2 focuses on the adaptive function of this ideology and tests the hypothesis that exposure to neoliberal ideology decreases women's engagement in collective action. Finally, Chapter 3 examines the legitimation function by testing the hypothesis that women temporarily motivated to justify the status quo would then endorse neoliberal ideology more strongly and therefore identify less as feminists. In the end, this dissertation leads, through the qualitative analysis of individual interviews, to the construction of a tool, the NOQ (Neoliberal Orientation Questionnaire), which highlights four dimensions of this ideology: competition, individual self-regulation, relational detachment and public divestment. Moreover, while exposure to the meritocratic dimension of neoliberal ideology does reduce feminist identification and collective action, more research is, to date, needed to conclude that it is also the case when all dimensions of the ideology are considered. It appears, however, that endorsement of neoliberal ideology is indeed associated to greater justification of gender inequalities. In sum, this work expands our knowledge of neoliberal ideology from a social psychology perspective and illustrates in part how it may represent an impediment to gender equality.