Thèse soutenue

Ville de la peur : sentiments d'insécurité, pratiques quotidiennes et espace public à Monterrey, Mexique

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Auteur / Autrice : Edna Pezard Ramirez
Direction : Laurent Faret
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie du développement
Date : Soutenance le 04/02/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Jérôme Monnet
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Faret, Jérôme Monnet, Jacques de Maillard, Diane E. Davis, Salomón González Arellano, Luisa Bravo
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérôme Monnet, Jacques de Maillard

Mots clés

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Résumé

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Le sentiment d'insécurité dans les villes est particulièrement important en raison de la présence d'attaques terroristes, de la criminalité et de la violence dans le monde. La violence urbaine en Amérique latine a augmenté de façon exponentielle depuis les années 1990 et a donné lieu à des recherches sur la manière de mieux la comprendre et de la combattre. Les solutions au niveau des villes deviennent plus pertinentes, car la violence urbaine dans la région n'est pas un sujet politique abstrait, mais plutôt un problème qui touche et transforme profondément la vie quotidienne. C'est le cas de la ville de Monterrey, au Mexique. La guerre contre la drogue qui a débuté au Mexique en 2006 a déclenché plusieurs événements violents dans les territoires disputés par les cartels de la drogue. Les agressions directes allant du vol à l'homicide sont devenues des questions de vie quotidienne, touchant en premier lieu les secteurs vulnérables de la société. Alors que le récit commun est que la ville a changé du jour au lendemain, la violence structurelle, telle que les inégalités socio-spatiales, est restée sans réponse pendant des décennies et a constitué le terrain fertile pour des formes plus directes de violence. Ce n'est que lorsque cette violence a touché des espaces autres que les quartiers marginalisés qu'elle est devenue une crise. En 2013, certains niveaux dramatiques de violence ont reculé et muté, tandis que d'autres formes de violence ont émergé avec des acteurs et des niveaux d'intensité différents. Pendant ce temps, les citadins se sont appuyés sur des solutions individualistes face à une action publique inefficace. Dans ce contexte, l'espace public a également été l'objet de disputes, le scénario des confrontations, le point d'observation et d'analyse, et le laboratoire de solutions potentielles. Les espaces publics ont d'abord été évités, puis transformés par des stratégies de fortification ou d'ouverture. Cependant, dans une société fortement inégalitaire, la capacité de faire entendre sa voix, de se distancier de l'espace public ou de le transformer n'est pas uniforme. Les solutions spatiales, bien que séduisantes, ont une portée limitée et peuvent même parfois favoriser les inégalités. Cette capacité inégale pour influencer les politiques publiques et pour accéder à des espaces publics sécurisés, ainsi que l'absence d'action publique efficace pour tous les groupes sociaux, conduisent à un recours excessif aux pratiques individuelles et à la normalisation de la violence, notamment dans les secteurs les plus vulnérables. Dans un tel environnement, le sentiment d'insécurité et la vie quotidienne ont souvent été négligés, car il existe des problèmes plus importants et plus "réels" auxquels il faut faire face. Néanmoins, ces éléments apparemment banals ont un impact. Cela nous amène à la question de recherche centrale de ce projet : Quel est le lien entre le sentiment d'insécurité, les espaces publics et les pratiques quotidiennes dans un contexte de violence chronique ? À la croisée de la géographie, de l'urbanisme et de la sociologie, cette thèse présente une analyse multi-niveau du sentiment d'insécurité, des espaces publics et des pratiques quotidiennes dans un contexte de violence chronique. Cette recherche observe comment les incidents extraordinaires et ordinaires s'intègrent à la vie normale à Monterrey, quelles stratégies matérielles et immatérielles sont mises en place, et comment les inégalités socio-spatiales y jouent un rôle.