Thèse soutenue

Système de sécrétion de type VI chez Klebsiella pneumoniae : dialogue moléculaire et / ou arme antibactérienne ?

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Auteur / Autrice : Thomas Merciecca
Direction : Christiane ForestierSylvie Miquel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Microbiologie
Date : Soutenance le 19/12/2022
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Microorganismes : Génome et environnement
Jury : Président / Présidente : Nicolas Barnich
Examinateurs / Examinatrices : Florian Chain
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvain Brisse, Annabelle Merieau

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Klebsiella pneumoniae est un pathogène opportuniste multi-résistant aux antibiotiques, responsable d'infections liées aux soins, souvent consécutives à la colonisation du tractus digestif. Les processus de formation de biofilm sont bien décrits pour ce pathogène, mais les interactions compétitives au sein de communautés microbiennes complexes, comme le microbiote intestinal, restent mal comprises. Les systèmes de sécrétion de type VI (SST6) sont de véritables seringues moléculaires, et sont retrouvés chez plus d’un quart des Protéobactéries. Ils sont impliqués dans la sécrétion et l’injection d’effecteurs toxiques dans des cellules procaryotes et/ou eucaryotes par contact direct, et leur expression est liée à différents stress environnementaux. Le SST6 a été récemment décrit dans des clones hypervirulents de K. pneumoniae où il est impliqué dans la virulence et la compétition inter-bactérienne, mais peu de données concernent les souches classiques de K. pneumoniae (cKp). L’objectif de ce travail était d’analyser la prévalence du SST6 et de ses effecteurs dans différents génomes du genre Klebsiella spp, d’étudier son rôle dans la colonisation intestinale ainsi que sa régulation transcriptionnelle dans une souche clinique de référence, K. pneumoniae CH1157. Une approche in silico a permis d'identifier la présence d’un à quatre opérons SST6 dans 427 génomes de Klebsiella, avec une forte prévalence au sein de l’espèce K. pneumoniae, indépendamment de l'origine géographique des souches. La présence de deux opérons (SST6-1 et -2) a été mise en évidence dans le modèle d’étude CH1157, contenant respectivement deux gènes codant des effecteurs de type phospholipase (tle1) et endopeptidase (tke), également identifiés dans d’autres génomes de K. pneumoniae. L'expression périplasmique de Tle1 et Tke en système hétérologue chez E. coli DH5α altère la capacité de croissance ainsi que la perméabilité membranaire, ce qui suggère une activité antibactérienne médiée par les effecteurs du SST6 en lien avec un environnement stressant tel que le tractus gastro-intestinal.L’impact du SST6 sur le microbiote a été étudié dans un modèle murin de colonisation gastro-intestinale avec la souche CH1157 sauvage versus des mutants isogéniques invalidés pour le SST6-1 (∆tssB et ∆clpV). Les mutants ont montré une moindre capacité de colonisation du tractus gastro-intestinal à long terme par rapport à la souche sauvage. L’analyse des microbiotes fécaux par séquençage à haut débit de l'ADNr 16S a mis en évidence le rôle du SST6-1 dans la dysbiose du microbiote intestinal 50 jours post-infection, avec un impact sur sa richesse, sa diversité et sa résilience. La présence du SST6-1 est corrélée à une absence spécifique des membres de la famille des Oscillospiraceae. L'activité antibactérienne du SST6 envers des genres ou espèces de cette famille reste cependant à déterminer.La régulation de l’expression des gènes codant les SST6-1 et -2 est un aspect complexe soulevé dans cette étude. Des sites de fixation pour les régulateurs transcriptionnels ArgR et Fnr ont été identifiés au niveau de la région promotrice du SST6-1, à la fois in silico et in vitro. Les conditions de régulation de l’expression des SST6 dans les souches cKp restent à élucider mais pourraient faire intervenir des stress rencontrés au niveau du tractus gastro-intestinal tels que la présence d’acides biliaires ou encore le contact de cellules épithéliales.L’ensemble de ces résultats souligne un rôle majeur du SST6 chez K. pneumoniae dans les interactions hôte-pathogène. Il apparait indispensable de continuer les investigations de ce nouveau facteur de pathogénicité chez K. pneumoniae afin de mieux comprendre son implication dans le processus physiopathologique et permettre le développement de stratégies thérapeutiques innovantes à long terme.