Thèse soutenue

L'autophagie, cible thérapeutique potentielle dans les néoplasies myéloprolifératives JAK2V617F

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Auteur / Autrice : Charly Courdy
Direction : Véronique de MasCarine Joffre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Cancérologie
Date : Soutenance le 05/12/2022
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Cancérologie de Toulouse (2011-....)
Jury : Président / Présidente : Estelle Espinos-Parrou
Rapporteurs / Rapporteuses : Eric Lippert, Mojgan Djavaheri-Mergny, Caroline Marty

Mots clés

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Résumé

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Les Néoplasies Myéloprolifératives (NMP) représentent un groupe d'hémopathies malignes chroniques caractérisées par une expansion clonale excessive de cellules de la lignée myéloïde. L'expression fréquente de la tyrosine kinase mutée JAK2V617F dans ces pathologies a conduit au développement d'inhibiteurs de JAK1/JAK2 comme le ruxolitinib, utilisés aujourd'hui en clinique. Cependant, les bénéfices du ruxolitinib se sont avérés limités. Ainsi, une majorité de patients interrompent leur traitement en raison de réponses partielles ou non durables ou d'effets indésirables hématologiques principalement dus à un manque de spécificité du traitement vis-à-vis des cellules tumorales. Il est donc nécessaire de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques afin d'améliorer la prise en charge des patients atteints de NMP. Au cours de ma thèse, j'ai émis l'hypothèse que l'autophagie, un processus catabolique impliqué dans la biologie des cellules cancéreuses, participait à la résistance au ruxolitinib dans ces pathologies. L'autophagie est un processus de dégradation et de recyclage de composés cellulaires. C'est un mécanisme finement régulé qui permet aux cellules de répondre et de s'adapter à de nombreux stress. Ces dernières années, plusieurs études ont établi un lien étroit entre autophagie et cancer. En effet, les cellules tumorales détournent l'autophagie à leur propre avantage pour proliférer et survivre dans des conditions environnementales extrêmes et même résister aux thérapies anti-cancéreuses. Dans les NMP qui expriment JAK2V617F, le rôle de l'autophagie n'a été que peu étudié. Mon projet de thèse vise donc à caractériser dans ces cancers la contribution de l'autophagie dans la mise en place des mécanismes de résistance au ruxolitinib. Les résultats que j'ai obtenus montrent tout d'abord que l'inhibition de JAK2V617F par le ruxolitinib entraîne une augmentation de l'autophagie dans des lignées cellulaires et des cellules primaires de patients JAK2 mutés. De plus, inhiber l'autophagie, en combinaison avec le ruxolitinib, augmente les effets cytotoxiques du traitement dans ces cellules et réduit les capacités clonogéniques de cellules de patients atteints de NMP JAK2V617F. Ceci indique que l'autophagie induite par le ruxolitinib est cytoprotectrice et participe à la résistance des cellules tumorales au traitement. De manière intéressante, l'autophagie n'est pas augmentée par le ruxolitinib dans les cellules JAK2 sauvages et son inhibition n'affecte pas la prolifération des cellules hématopoïétiques saines. Ces résultats suggèrent que l'induction d'autophagie cytoprotectrice observée sous traitement est un mécanisme de résistance propre aux cellules de NMP qui expriment JAK2V617F. D'un point de vue mécanistique, l'induction de l'autophagie par le ruxolitinib est dépendante de la protéine phosphatase PP2A. En effet, le ruxolitinib augmente l'activité de PP2A et inhiber cette phosphatase prévient l'induction d'autophagie conséquente à l'inhibition de JAK2. De plus, cibler PP2A, comme inhiber l'autophagie, sensibilise les cellules de NMP JAK2V617F au ruxolitinib sans impacter les cellules hématopoïétiques saines. Enfin, le rôle cytoprotecteur de l'autophagie a été validé in vivo dans un modèle de xénogreffe de cellules mutées pour JAK2 dans des souris NSG. Dans ce modèle, inhiber l'autophagie en combinaison avec le ruxolitinib réduit la prise de greffe et prolonge significativement la survie des souris en comparaison au ruxolitinib seul. En conclusion, cette étude démontre que l'autophagie ou son régulateur en amont, PP2A, représentent de nouvelles cibles thérapeutiques dans les NMP JAK2V617F. L'association du ruxolitinib avec des inhibiteurs de l'autophagie ou de PP2A permettrait d'améliorer l'efficacité du traitement, d'augmenter sa spécificité vis-à-vis du clone malin et améliorerait ainsi la prise en charge des patients atteints de NMP.