Thèse soutenue

Effet de l'exposition chronique à l'interleukine-1 bêta sur la cognition et la réponse aux cassures double-brin de l'ADN dans les neurones

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Auteur / Autrice : Benjamin Schmitt
Direction : Elsa Suberbielle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 13/10/2022
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Toulousain des Maladies Infectieuses et Inflammatoires (Toulouse ; 2021-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Elsa Suberbielle, Roland Liblau
Rapporteurs / Rapporteuses : Chantal Mathis, Luc Buée, Stéphane Hunot

Résumé

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De nombreuses maladies neurologiques chroniques, qu'elles soient neuropsychiatriques ou neurodégénératives, partagent des perturbations similaires de la fonction neuronale, de l'humeur et de la mémoire. Elles ont également en commun la présence d'une inflammation chronique à bas bruit. L'interleukine-1 bêta (IL-1bêta) est une cytokine pro-inflammatoire qui est présente à bas-bruit dans le plasma et le cerveau au cours de nombreuses maladies neuroinflammatoires et neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer (MA). Alors que ses mécanismes d'action sur le fonctionnement neuronal et glial sont relativement bien décrits dans le contexte d'inflammation aigüe, notamment au cours de traumatismes ou du syndrome fébrile qui accompagne les infections résolutives, la contribution précise de l'IL-1bêta aux troubles du comportement observés dans des maladies chroniques reste inconnue. L'épigénétique neuronale joue un rôle clef dans la fonction et l'adaptation de réponse du cerveau à son environnement, et contribue de manière critique aux mécanismes qui sous-tendent l'apprentissage et la mémoire. La réponse aux cassures double-brin de l'ADN (CDB) est désormais connue comme un acteur clé de l'épigénétique neuronale, impliquée dans les processus cognitifs. Au cours de la MA, les CDB s'accumulent anormalement dans les neurones. A ce jour, le rôle des cytokines proinflammatoire dans la régulation de l'épigénétique neuronale n'a pas été étudié. Dans ce contexte, l'objectif central a été de déterminer si l'exposition chronique à l'IL-1bêta pouvait contribuer aux déficits de mémoire comme ceux retrouvés au cours de maladies neuroinflammatoires chroniques, et cela, en dérégulant la réponse aux DSB. A l'aide de pompes osmotiques implantées en sous-cutané chez la souris, nous avons montré que l'exposition chronique à l'IL-1bêta perturbe la mémoire spatiale et cela de manière rémanente puisque ces effets persistent après l'arrêt de son infusion. L'exposition chronique à l'IL-1bêta entraine l'accumulation de CDB dans les neurones de l'hippocampe sans impacter l'environnement glial ni la neurogénèse adulte. A l'aide de modèles transgéniques de souris, nous avons aussi déterminé que ces troubles nécessitent l'activation du récepteur IL-1R1 et la signalisation des CDB dans les neurones excitateurs de l'hippocampe. Ces résultats permettent donc de mieux comprendre des mécanismes impliqués dans les effets sur la cognition d'un des médiateurs de la neuroinflammation chronique à bas bruit. De cette manière, ils ouvrent des perspectives quant à l'identification de nouvelles cibles permettant de bloquer les effets délétères de l'inflammation chronique, qui pourrait être utilisées dans le cadre de nombreuses maladies neurologiques chroniques.