Thèse soutenue

Étude du rôle des morts cellulaires inflammatoires dans la régulation des infections bactériennes pulmonaires : dentification de nouveaux facteurs impliqués dans la pathologie pulmonaire médiée par l’Exotoxine U de P. aeruginosa

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Salimata Bagayoko
Direction : Céline CougouleÉtienne Meunier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunologie
Date : Soutenance le 10/03/2022
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de pharmacologie et de biologie structurale (Toulouse ; 1996-....)
Jury : Président / Présidente : Denis Hudrisier
Examinateurs / Examinatrices : Céline Cougoule, Étienne Meunier, Eric Oswald, Ina Attree-Delic
Rapporteurs / Rapporteuses : Suzana Salcedo, Cécile Arrieumerlou

Résumé

FR  |  
EN

Dans le contexte des infections pulmonaires, l'hôte et les pathogènes ont développé divers mécanismes pour réguler le processus de mort cellulaire de l'hôte. Ces mécanismes sont initiés après la reconnaissance des signaux de danger associés aux pathogènes par le système immunitaire inné ; qui entraîne une réponse inflammatoire au site de l'infection et favorise l'élimination des pathogènes. Par conséquent, diverses morts cellulaires ont été décrites comme pro-inflammatoires, en particulier la pyroptose et la ferroptose. Ces morts cellulaires sont régulées (contrôlées au niveau génétique) et permettent la libération de molécules (cytokines et chimiokines) qui activent le système immunitaire. Ce sont de véritables armes pour l'organisme afin de lutter contre les agents infectieux. Cependant, une dérégulation de ces morts induit une lésion tissulaire, qui peut conduire à un sepsis fatal, donc un échappement de ces agents infectieux. De nombreuses bactéries modulent les morts cellulaires pour proliférer, comme Pseudomonas aeruginosa (P. aeruginosa). A ce jour, cette bactérie constitue une préoccupation majeure de santé mondiale en raison de son implication dans les infections nosocomiales et les infections fatales chez les patients atteints de mucoviscidose. P. aeruginosa a plusieurs facteurs de virulences mais les souches exprimant l'exotoxine U (ExoU), sont associées à la résistance aux antibiotiques mais aussi à une mortalité et une morbidité plus élevée chez les patients immunodéprimés. En effet, ExoU entraîne la mort des cellules et un dommage tissulaire via son activité phospholipase. Cependant les mécanismes impliqués et le rôle de la mort dépendant d'ExoU restent inconnus. Ainsi, nous avons démontré que la toxine U de la bactérie P. aeruginosa détruit les cellules par nécrose grâce à l'utilisation des lipides oxydés cellulaires comme dans la ferroptose. La production de lipides oxydés peut être inhiber par des antioxidants de types lipophilique (dérivés de la vitamine E) ou inhibiteurs de la ferroptose (ferrostatin-1). En effet, le traitement de cellules immunitaires (macrophages, neutrophiles) et ou non immunitaires (épithéliales) avec ces molécules avant infections les protègent contre la toxicité de toxine U. De plus, le prétraitement des souris avec ces molécules atténue de manière très significative le sepsis (la mort) induit par la toxine U chez les souris. Pour finir, nous avons observé le même phénotype avec des organoïdes pulmonaires humains ce qui suggère que l'homme pourrait être aussi protégé contre cette infection suite au traitement. Ces travaux ont été publiés dans le journal Plos Pathogens. Les cytokines type interféron sont importantes lors des infections bactériennes, en effet elles stimulent l'expression de plus de 2000 gènes qui modulent l'inflammation. Dans cette deuxième partie, nous nous sommes intéressés au rôle d'Irgm2, un des gènes induits par les interférons, lors d'infections bactériennes. En effet, le lipopolysaccharide (LPS, un composant des bactéries Gram négatives) active le récepteur cytosolique caspase11 qui conduit à la pyroptose des cellules infectées. Dans cette étude, nous avons montré que Irgm2 et le membre de la famille ATG8 Gate-16 régulent de manière coopérative la pyroptose dépendante de la caspase11 et la libération de cytokines proinflammatoires tels que l'interleukine -1b et -18. Ainsi, les souris mutées pour ce gène ont une mort rapide suite à une infection par des bactéries Gram négatives par rapport aux souris sauvages. Cette protéine sert de balance afin d'éviter l'exacerbation de l'inflammation et ainsi donc le sepsis. Ces travaux ont été publiés dans le journal Embo Reports. Au final, l'ensemble des données de cette thèse témoignent de l'importance de la mort cellulaire dans la modulation des infections pulmonaires et à altération des tissus pouvant conduire au sepsis.