La subversion de la perspective : recherches philosophiques sur les origines du perspectivisme

The subversion of perspective : philosophical investigations into the origins of perspectivism

• Auteur / Autrice : Mathias Gibert
• Direction : Pierre Montebello, Aline Wiame
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Philosophie
• Date : Soutenance le 21/10/2022
• Etablissement(s) : Toulouse 2
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Équipe de recherche sur les rationalités philosophiques et les savoirs (Toulouse ; 1999-....)
• Jury : Président / Présidente : Didier Debaise
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Laurence Bouquiaux
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Didier Debaise, Bertrand Prévost

Mots clés

Mots clés contrôlés

Relativisme

Philosophie -- Histoire

Perspectivisme

Mots clés libres

Histoire de la philosophie

Métaphysique

History of philosophy

Metaphysics

Résumé

Le sens de cette thèse est de s’interroger sur les origines du « perspectivisme » afin de sortir d’une indétermination conceptuelle qui hante ses usages contemporains. Il s’agit donc, à partir d’une analyse critique de l’idée de perspective conçue comme l’institution d’un ordre humain, d’en étudier sa traduction métaphysique à partir de sa tension comme inclusion de l’infini dans le fini chez Nicolas de Cues, entre inversion médiévale et institution humaniste. Le « perspectivisme » du Cusain, posant en un sens nouveau la finitude nous permet de reconstruire le problème des formes de « perspectivisme » de l’âge classique : chez Pascal d’une part, avec l’assomption métaphysique des conséquences baroques de la géométrie projective (Desargues) et chez Descartes d’autre part avec sa naturalisation optique (Kepler) intégrée dans la conception classique de la représentation, pour se retrouver reprise et approfondie en deux directions radicalement incompatibles chez Leibniz et Spinoza,Ainsi, contrairement au relativisme auquel on l’associe trop vite, comme « point de vue » ou « interprétation » subjective, il s’agit de comprendre que le « perspectivisme » au sens fort du terme, loin d’être dépendant d’une subjectivité constituante représenterait davantage la subversion d’un schème conceptuel (esthétique, optique et géométrique) constitutif d’un certain imaginaire de cette subjectivité moderne et de son « monde humain » dont il serait à concevoir comme le dépassement vers d'autres récits, d’autres mondes, d’autres natures, qui ne seraient plus centrés sur la figure de l’homme. Il faut donc se demander si ce nouveau naturalisme que semble défendre le perspectivisme au sens fort peut réellement prendre en charge un sens philosophique de ce schème subverti de la perspective afin de penser autrement le sens de la finitude et le récit des relations entre l’homme et le monde, ou bien si la perspective et le perspectivisme sont condamnés à demeurer cette expression faible et ambiguë d’un humanisme et d’une subjectivité indépassables.

The meaning of this thesis is to question the origins of "perspectivism" in order to get out of a conceptual indeterminacy that haunts its contemporary uses. It starts therefore with a critical analysis of the idea of perspective as the establishment of a “human order”, to study its metaphysical translation, though ambiguous, as expressive inclusion of the infinite in the finite in Nicholas of Cusa’s philosophy. Nicholas of Cusa’s metaphysical "perspectivism" raising therefore in a new sense the problem of finitude, allows us then to reconstruct the question of the possible forms of "perspectivism" that have emerged in the classical age, until their condensation in leibnizian metaphysics: in Pascal on the one hand with his metaphysical use of the baroque implications of projective geometry (Desargues) and in Descartes on the other hand with the optical naturalization of perspective (Kepler) integrated into the classical conception of representation, to find itself taken up in two incompatible directions in Leibniz’s and Spinoza’s thinking.Thus, unlike relativism to which it is too often reduced, as a subjective "point of view" or "interpretation", we claim that "perspectivism", far from being dependent on a constituent and universal subjectivity, represent more the subversion of a conceptual scheme (aesthetic, optical and geometric) constitutive of an imaginary of this universal subjectivity and its "human world", overcoming it towards other stories, other worlds, other natures, which would no longer be centered on the figure of man. We must therefore ask ourselves if this new naturalism that seems to defend perspectivism understood in the strong sense can really afford a philosophical meaning of this subverted scheme of perspective in order to think differently the narrative of finitude and the relationship between man and the world. Are perspective and perspectivism condemned to remain this weak and ambiguous expression of an unsurpassable humanism and subjectivity ?