Les maladies mentales dans l’œuvre en prose de Sénèque : recension et réception
Auteur / Autrice : | Hajer Bouharb |
Direction : | Christian Bonah, Yves Lehmann |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Épistémologie et histoire des sciences et des techniques |
Date : | Soutenance le 08/11/2022 |
Etablissement(s) : | Strasbourg |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (Strasbourg ; 2013-....) |
Jury : | Président / Présidente : Béatrice Vaxelaire |
Examinateurs / Examinatrices : Julien Devinant | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Hédia Khadhar, Yasmina Benferhat |
Mots clés
Résumé
La particularité de ce projet de recherche réside dans son rapport aux domaines de l’intériorité et de l’individualité qui ne peuvent être définis par des normes spécifiques. Les domaines scientifiques, en particulier la médecine, reconnaissent leurs propres limites concernant la compréhension de la maladie mentale, partant de ses attaches morales. Selon les philosophes et les moralistes, le regard médical s’impose compte tenu du facteur biologique et de l’interdépendance entre le corps et l’esprit. L’histoire de la psychopathologie se caractérise par la multiplicité des points de vue, notamment celui médico-philosophique, ce qui s’avère indispensable à l’approche de la maladie mentale. « Folie », « maladie de l’âme », « maladie mentale », « aliénation mentale », la variété des termes qui qualifient cette maladie spécifique, et l’hésitation sur l’emploi d’un terme plutôt qu’un autre dénote l’incompréhension et la difficulté que les penseurs anciens et modernes rencontrent pour définir la maladie mentale et cerner son fonctionnement. Étudiée selon des paradigmes différents, la maladie psychique rend compte d’une véritable crise épistémologique qui se manifeste dans l’entremêlement des registres et dans la différence dans l’ordre du savoir, ce qui a donné lieu durant des siècles à des débats stériles et à des conflits inutiles. De ce fait, la curabilité du malade mental- souci majeur et préoccupation principale- est passée désormais au second plan, l’idée prédominante qui s’est enracinée progressivement étant la non curabilité de la maladie psychique. Maladie ou bien perversion morale, maladie ou précarité individuelle, le flou sur sa nature et sur sa genèse a donné lieu à un va-et-vient entre la reconnaissance de la morbidité d’une part, et le jugement moral sur le malade psychique de l’autre. Il en résulte une méconnaissance du traitement à adopter, et un choix d’exclusion de ces êtres condamnés au retrait. Un phénomène qui ne cesse de s’amplifier, tant il est vrai que la maladie mentale constitue un véritable problème, chargé de nombreux enjeux sociaux, politiques, civiques et humanitaires, et dont les répercussions dépassent le cadre strictement individuel et menacent la paix collective et le vivre-ensemble.