Thèse soutenue

Perte des protéines MBNL dans les motoneurones : impact sur la fonction de l’unité motrice dans la Dystrophie myotonique

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Auteur / Autrice : Charles Frison-Roche
Direction : Denis FurlingFrédérique Rau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biochimie et biologie structurale
Date : Soutenance le 30/09/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Complexité du vivant (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en myologie (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Onnik Agbulut
Examinateurs / Examinatrices : Perrine Castets
Rapporteurs / Rapporteuses : Claire Legay, Nicolas Sergeant

Résumé

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La dystrophie myotonique de type 1 (DM1) est une maladie rare héréditaire avec des atteintes musculaires, cardiaques et cognitives. La DM1 est due à des expansions de répétitions CTG dans la partie 3’UTR du gène DMPK. Les ARN DMPK mutés s’agrègent et séquestrent les protéines de liaison à l’ARN Muscleblind-like (MBNL), menant à des anomalies du métabolisme des ARNs dans plusieurs tissus. La famille MBNL est composée de MBNL1, 2 et 3 mais seuls MBNL1 et 2 sont exprimés dans le système nerveux. Alors que le muscle est largement étudié dans la DM1, des études antérieures suggèrent également une altération de la communication entre les motoneurones (MNs) et le muscle squelettique via la jonction neuromusculaire (JNM). Pour déterminer le rôle des protéines MBNL dans les MNs, nous avons généré des souris MN-dKO invalidées pour Mbnl2 spécifiquement dans les MNs (MN-Mbnl2-KO) avec une déplétion constitutive de Mbnl1 (Mbnl1-KO). Les souris MN-Mbnl2-KO ne présentent pas de phénotype, cependant les souris MN-dKO développent progressivement des défauts de coordination par rapport aux souris Mbnl1-KO. Chez les souris âgées de 4 mois, les troubles moteurs des souris MN-dKO s’accompagnent d’anomalies structurales et ultrastructurales sévères et globales de la JNM. A contrario, les altérations de la JNM des souris Mbnl1-KO semblent cantonnées à la partie post-synaptique. Ainsi, la perte de Mbnl1 et Mbnl2 dans les MNs aggrave les altérations de la JNM causées par la perte de Mbnl1 seul. Une analyse plus précoce chez des souris âgées de 2 mois a permis de montrer que les JNM des souris MN-dKO présentent des défauts structuraux par rapport aux JNM des souris contrôles mais aussi Mbnl1-KO. En revanche, et malgré leur aspect anormal, les JNM des souris MN-dKO de 2 mois sont matures. Ces résultats suggèrent que les protéines MBNL1 et MBNL2 jouent un rôle dans le maintien des JNM et que les conséquences de la perte de Mbnl1 et Mbnl2 dans les MNs sont plus sévères, globales et se manifestent plus précocement que celles de la perte de Mbnl1 seul. Afin d’identifier les cibles dérégulées par la perte de Mbnl1 et/ou Mbnl2 dans les MNs, un séquençage ARN à haut-débit, associé à une analyse bio-informatique de l’épissage alternatif, a été réalisé à partir d’ARN extrait de moelles épinières lombaires des souris MN-dKO, MN-Mbnl2-KO, Mbnl1-KO et contrôles âgées de 4 mois. Cette analyse a mis en évidence de nombreuses cibles spécifiques aux souris MN-dKO, et donc à la perte conjointe de Mbnl1 et Mbnl2. De manière intéressante, l’analyse GO-Term des ARN cibles communs aux souris MN-dKO et MN-Mbnl2-KO ou Mbnl1-KO a permis de montrer que la perte de MBNL2 affecte la maturation de gènes impliqués dans le transport de neurotransmetteurs ou l’amarrage des vésicules synaptiques alors que la perte de MBNL1 affecte la maturation de gènes impliqués dans les processus d’endocytose. Ainsi, MBNL1 et MBNL2 seraient impliqués dans des processus différents au sein des MN. Afin de compléter l’étude du rôle des protéines MBNL dans la maintenance de la JNM et de la communication neuromusculaire, des souris WT adultes ont été injectées avec des adeno-associated adenovirus exprimant un shmiR ciblant Mbnl1 et Mbnl2 spécifiquement dans le muscle squelettique. 2 mois post-injection (PI), les JNMs de ces souris récapitulent en partie les anomalies observées chez les souris Mbnl1-KO âgées de 4 mois, confirmant un rôle de Mbnl1 dans le muscle squelettique sur le maintien de la JNM. Ces anomalies post-synaptiques s’étendent progressivement au côté présynaptique de la jonction 4 mois PI. Cette aggravation confirme le rôle de MBNL1 dans le muscle squelettique sur le maintien de la JNM. L’ensemble de mes travaux de thèse soulignent l’importance des protéines MBNL dans les MNs pour la communication neuromusculaire et suggèrent, pour la première fois, que la perte de MBNL dans les MNs pourrait contribuer à la pathophysiologie musculaire de la DM1.