Thèse soutenue

Rôle de la géographie et de l'hétérogénéité de l'environnement hydrothermal profond sur la distribution et l’évolution du complexe de gastéropodes Alviniconcha spp

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Auteur / Autrice : Jade Castel
Direction : Didier JollivetThomas Broquet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie des populations
Date : Soutenance le 23/05/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Adaptation et diversité en milieu marin (Roscoff, Finistère ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : François H. Lallier
Examinateurs / Examinatrices : Christelle Fraïsse
Rapporteurs / Rapporteuses : Cindy Lee Van Dover, Eric Pante

Résumé

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Les sources hydrothermales ne sont pas seulement des environnements qui imposent des conditions de vie extrêmes aux espèces qui leurs sont inféodées. Ils sont également fragmentés, localement éphémères et hétérogènes, ce qui en fait un système d’étude intéressant pour étudier les rôles relatifs de l’isolement géographique et de la variabilité environnementale sur l'évolution des espèces et les mécanismes de spéciation. Dans le Pacifique Ouest, parmi les espèces peuplant l’environnement hydrothermal, les Alviniconcha (Gastropoda : Abyssochrysoida) forment un complexe de 5 espèces architectes abondantes. Ces gros gastéropodes symbiotiques, occupent le pôle chaud (7 – 42°C), soufré (250µM) et peu oxygéné (< 50µM) de cet écosystème particulier. Au cours de ma thèse, j’ai étudié l’impact de la géographie et de l'hétérogénéité spatiale de l'environnement hydrothermal sur la distribution, la divergence, l'adaptation locale et les conditions de la spéciation de trois espèces d’Alviniconcha (A. kojimai, A. strummeri et A. boucheti) dans cinq bassins arrière-arc du Pacifique sud-ouest. L’étude du transcriptome, du polymorphisme génomique nucléaire, et d'un fragment de gène du génome mitochondrial (Cox1) a montré une divergence élevée entre les espèces ciblées qui renforce l’hypothèse d’une origine allopatrique de ces espèces. Mais l'inférence génétique du scénario démographique le plus probable suggère également que la divergence en allopatrie a ensuite été suivie d'une reprise partielle des flux de gènes par hybridation introgressive lors de la colonisation de ce milieu. Plusieurs mécanismes potentiellement impliqués dans les barrières à la reproduction entre espèces ont été étudiés. En premier lieu, nous avons mis en évidence un système de déterminisme génétique du sexe hétérogamétique mâle (XY) chez A. boucheti et A. strummeri, qui sont toutes les deux gonochoriques, mais ce déterminisme est moins clair chez A. kojimai, qui semble être une espèce androdioïque. Par ailleurs, l’adaptation locale des espèces à différentes niches écologiques aurait pu renforcer leur isolement géographique lors de leur remise en contact. En effet, chez A. boucheti les gènes identifiés sous sélection positive sont plus spécifiquement liés à la symbiose et aux stress environnementaux. Cela pourrait être lié à la mise en place d’une symbiose particulière avec des Campylobacteria qui tolèrent de plus fortes concentrations en H2 et en H2S et expliquerait pourquoi cette espèce est présente au plus proche des émissions contrairement aux 2 autres espèces qui, elles, partagent le même habitat avec une évolution positive récente de leurs mécanismes pré-zygotiques.