Thèse de doctorat en Littérature comparée
Sous la direction de François Lecercle.
Soutenue le 07-12-2022
à Sorbonne université , dans le cadre de École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris) , en partenariat avec Centre de recherche en littérature comparée (Paris) (laboratoire) .
Le président du jury était Françoise Lavocat.
Le jury était composé de Yinde Zhang.
Les rapporteurs étaient Françoise Lavocat, Yvan Daniel.
La pensée de Rousseau a suscité autant d’adversaires que de partisans, donnant lieu à une véritable tradition tant en orient qu’en occident. Notre étude ambitionne de contribuer à l’histoire de la diffusion de cette pensée en Chine. Les idées de Rousseau ont eu un fort impact sur la société chinoise au XXe siècle en bouleversant, directement ou indirectement, plusieurs domaines, comme la littérature la philosophie ou la politique. Nous nous focalisons sur les débats intellectuels dont Rousseau est le centre, en distinguant cinq périodes. La première est la fin des Qing, qui a fait de Rousseau le symbole de la révolution, tant dans la polémique politique que dans les récits fictionnels, tandis qu’un contrecourant voyait en lui un théoricien de l’éducation esthétique. La deuxième période est la décennie d’après la Révolution de 1911, où Rousseau a été revendiqué par les républicains, dans leur lutte contre les monarchistes, pour justifier la République. La troisième est celle du Mouvement pour la Nouvelle Culture, attaqué par l’école de Xueheng, qui rapporte d’Amérique une pensée anti-rousseauiste, le New humanism. La quatrième est la décennie (1926-1936) où Liang Shiqiu, dans la foulée des humanistes, prend pour cible le « romantisme chinois », préconisé par Lu Xun et Yu Dafu. Après la longue trêve de la Révolution Culturelle, les polémistes contemporains, en reprenant les attaques contre Rousseau, ont déterminé le virage à droite des intellectuels. C’est plus d’un siècle d’une histoire embrouillée où Rousseau a pris des visages inattendus, souvent contradictoires, que nous nous efforçons de démêler.
Rousseauism and Chinese thought. Debates and Quarrels over Rousseau in China, from 1899 to the 1930s
Rousseau’s thought has produced as many opponents as supporters, giving rise to a full-fledged tradition, in the East as well as the West. Our study aims to contribute to the history of the diffusion of his thought in China. Rousseau’s ideas had a strong impact on Chinese society in the twentieth century, triggering directly or indirectly changes and upheavals in literature, philosophy, and politics. We focus on the intellectual debates over Rousseau, during five periods. The first is the end of the Qing Dynasty, when Rousseau became a symbol of the revolution both in political polemics and in fiction, while a counter-current saw him as a theoretician of aesthetic education. The second is the decade after the 1911 Revolution, when the republicans, in their struggle against the monarchists, drew on Rousseau in order to justify the Republic of China. The third is the New Culture Movement, which the Xueheng school attacked with the help of the New humanism, an anti-Rousseauism they had brought back from America. The fourth is the decade 1926-1936, when Liang Shiqiu, in the wake of the humanists, attacked the “Chinese romanticism” advocated by Lu Xun and Yu Dafu. Then, after the long interval of the Cultural Revolution, polemicists resumed the attack on Rousseau, thus determining the intellectual shift to the right in today’s China. This is a tangled history of more than a century, in which Rousseau has taken on unexpected and often contradictory faces, which we try to unravel.