Thèse soutenue

La phronêsis : une philosophie morale et politique pour repenser le système technicien de santé et médico-social

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Auteur / Autrice : Julien Nossenty
Direction : Chantal Delsol
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie pratique
Date : Soutenance le 07/03/2022
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire d'étude du Politique Hannah Arendt (Créteil)
Jury : Président / Présidente : Joanna Nowicki
Examinateurs / Examinatrices : Chantal Delsol, Jean-Jacques Wunenburger, Philippe Bénéton, Pierre Magnard, Bertrand Quentin
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Jacques Wunenburger, Philippe Bénéton

Résumé

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Les autorités politiques ont décidé que les établissements de soins et d'accompagnement devaient normaliser leur fonctionnement, avec une organisation structurée qui promeut une qualité maximale, le bien-être assuré afin de supprimer les risques. Refoulée, dissimulée, occultée la personne est devenue dans cette technostructure sanitaire et médico-sociale un indicateur, un marqueur de bonne qualité, que l'on peut afficher de manière péremptoire à l'entrée des établissements ou sur les sites internet de ces mêmes établissements qui montrent qu'ici la qualité est de rigueur. Mais alors, quelle est la place de la personne dans cette organisation? Que pense la personne? Est ce que la personne à encore le pouvoir de décider? Le développement de la gestion des risques, de la technique, de la biotechnologie et l'idéologie de la qualité absolue nous rappellent l'importance du concept aristotélicien de la "phronèsis". Ce rappel de la "phronèsis" est nécessaire, ca il place la personne toujours au cœur de l'action et plus spécifiquement au cœur de l'accompagnement des personnes vulnérables. En effet, la "phronèsis" sert à ne pas modéliser la réponse à apporter à la personne, encore plus lorsqu'il s'agit d'une personne en situation de handicap, de vulnérabilité. Au contraire, cette démarche philosophique et éthique laisse toute sa place à une "praxis" de l'accompagnement, et à la personnalisation de l'être, de la personne. Il est intéressant de voir au cours de cette thèse, comment la "phronèsis", peut trouver sa place dans l'approche de l'accompagnement à la vulnérabilité. Puis, il sera utile d'analyser dans le cadre de cette thèse que le handicap n'a pas besoin d'être surmédicalisé et que parfois, il est nécessaire d'accepter la fragilité de l'Autre. Savoir l'accepter, c'est regarder l'Autre dans sa singularité, avec sa personnalité propre. Pour les professionnels de santé et du médico-social, accompagner une personne, c'est la laisser prendre de décisions, et ce même si le risque et de ne pas répondre aux critères, au modèle imposé par les institutions politiques sanitaires, car la vulnérabilité et le handicap ne se quantifient pas, ne se mesurent pas. L'accompagnement d'une personne vulnérable, c'est aussi un engagement envers l'Autre, envers un semblable qui vit une souffrance particulière, différente et unique. Ainsi, nous tenterons également au cours de cette thèse, de comprendre les normes règlementaires qui promeuvent une qualité toujours plus grande de l'offre de soins qui dictent et astreignent l'accompagnant lui-même à suivre un modèle d'aide e d'accompagnement qui nie la singularité de la personne qui souffre de déficiences. La finalité de ce travail de thèse est de consentir que la personne vulnérable reste une personne à part entière, qui a la possibilité de choisir et de décider de sa vie et de l''aide qu'on lui apporte. Cette sagacité donne la possibilité de démontrer que la "phronèsis" doit guider les institutions, ainsi que les accompagnants à aller vers une juste sagesse pratique qui prend en considération et reconnait la personne vulnérable.Notre but est de remettre l’éthique de la décision au cœur de la pensée des différents professionnels de santé et du médico-social, au cœur des décideurs afin de ne pas laisser une absolutisation de la techno-politique sanitaire prendre une place toujours grande. Le principe de subsidiarité peut-il répondre à cet enjeu ?