Thèse soutenue

Langage et perception chromatique : la sémantique du bleu en italien et en français : Une analyse contrastive de la catégorisation linguistique et des fonctions cognitives chez les locuteurs monolingues et bilingues
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Auteur / Autrice : Camilla Simoncelli
Direction : Philippe GréaMaria Kihlstedt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 09/12/2022
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire MoDyCo (Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Camilla Bardel
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Gréa, Maria Kihlstedt, Camilla Bardel, Kenneth Knoblauch, Karin Heidlmayr, Galina V. Paramei
Rapporteurs / Rapporteuses : Camilla Bardel, Kenneth Knoblauch

Résumé

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Cette étude concerne la relation entre le langage et la cognition en corrélation avec le bilinguisme, qui a souvent montré un effet positif sur les fonctions cognitives générales. Un domaine de recherche qui vise l’exploration des effets cross-linguistiques provenant des différences conceptuelles parmi les locuteurs de langues variées est le lexique chromatique et sa correspondante catégorisation. Pourvu que les frontières du spectre chromatique varient d’une langue à l’autre en influençant la perception, la représentation cognitive des couleurs des bilingues varie en fonction de la langue. Un exemple est représenté par l’italien et le français qui catégorisent différemment la région du bleu : l’italien possède deux termes basiques de couleurs, l’un pour les nuances de bleu clair (azzurro) et l’autre pour le bleu foncé (blu) ; en français cette distinction est absente. Nous avons, donc, comparé la catégorisation chromatique de bilingues avancés franco-italiens avec celle des deux correspondants monolingues à travers deux expériences comportementales, le Color Word Stroop Test et le Speeded Colour Discrimination Task. Les résultats ont validé l’hypothèse que les monolingues italiens distinguent plus rapidement et de façon plus précise les couleurs appartenant aux deux différentes catégories linguistiques du bleu (blu ou azzurro) par rapport aux couleurs identifiées par le même mot et on aussi montré que les TR pour les stimuli du mot BLU diffèrent en fonction de la luminance des nuances de bleu. Cet effet de catégorie manque en français, malgré une prototypicalité particulièrement forte pour les teintes de bleu clair. Pour les bilingues, malgré l'émergence de comportements perceptifs spécifiques, les performances sont similaires à celles des italiens : les catégories de leur L2 dominent leur L1 et les distinctions lexicales influencent les facultés perceptuelles en général. Pourtant, la perception des couleurs n’est pas directement impactée seulement par le langage, plutôt par une combinaison de fonctions cognitives qui agissent avec une modulation top-down.