Thèse de doctorat en Littérature et civilisation françaises
Sous la direction de Olivier Lumbroso.
Soutenue le 16-03-2022
à Paris 3 , dans le cadre de École doctorale Littérature française et comparée (Paris) , en partenariat avec Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle (Paris) (laboratoire) .
Le président du jury était Alain Pagès.
Le jury était composé de Olivier Lumbroso, Alain Pagès, Pierre-Jean Dufief, 考誠 小倉, Siyan Jin.
Les rapporteurs étaient Pierre-Jean Dufief, 考誠 小倉.
Le terme « banlieue », depuis longtemps stigmatisé en français, n’est pas toujours connoté négativement dans la culture parisienne du XIXe siècle. Un tournant historique a lieu dans la perception du terme au cours des années 1860, période où la petite banlieue est annexée et où l’urbanisation haussmannienne transforme la capitale. Si les écrivains romantiques se contentent d’une division entre la ville (notamment Paris) et la campagne, Zola remet en doute cette dichotomie spatiale en décrivant la banlieue, zone intermédiaire et ambiguë. À la taxinomie traditionnelle – qui reflète la polarité est-ouest (ouvrier-bourgeois), laquelle se combine à une polarité nord-sud (Ville-Université) —, nous proposons d’adjoindre un principe concentrique basé sur les notions de ville, faubourg, petite et grande banlieue. La lecture de Germinie Lacerteux (1865) des Goncourt permet à Zola de découvrir dans la banlieue un attrait différent de celui des faubourgs misérables et de la campagne idyllique ; dès lors, l’écrivain développera sa poétique de la banlieue dans ses premiers romans, de La Confession de Claude (1865) à Madeleine Férat (1868), en passant par Le Vœu d’une morte (1866) et Thérèse Raquin (1867). En recourant à diverses approches – historique, biographique et de sémiotique urbaine –, nous tenterons de montrer le caractère ambigu, polysémique et fécond de la banlieue zolienne. Nous souhaitons insister sur la force motrice que la quête d’une poétique de la banlieue exerce sur son écriture : c’est en effet par elle que Zola se dégage de la vision romantique, s’arrime au projet réaliste et se lance dans la création d’une nouvelle esthétique, le naturalisme.
Poetics of the suburbs in Zola's early novels : from La Confession de Claude to Madeleine Férat
The term “banlieue”, long stigmatized in French, was not always negatively connoted in nineteenth-century Parisian culture. A historic turning point in the perception of the term took place in the 1860s, a period when small suburbs were annexed and Haussmann’s urbanization transformed the capital. While Romantic writers may have been content with a division between the city (notably Paris) and the countryside, Zola challenged this spatial dichotomy by describing the suburbs as an intermediate and ambiguous zone. To the traditional taxonomy – which reflects the east-west polarity (worker-bourgeois), that is combined with a north-south polarity (City-University) – we propose to add a concentric principle based on the notions of city, faubourg, small and large suburb. The reading of Germinie Lacerteux (1865) by the Goncourt brothers allowed Zola to discover in the suburbs an attractive trait different from that of the miserable faubourgs and the idyllic countryside; the writer would then go on to develop his poetics of the suburbs in his first novels, from La Confession de Claude (1865) to Madeleine Férat (1868), including Le Vœu d’une morte (1866) and Thérèse Raquin (1867). Using various approaches – historical, biographical and urban semiotics – we will attempt to show the ambiguous, polysemic and fertile character of the Zolian suburb. We wish to emphasize the driving force that the quest for a poetics of the suburbs exerts on his writing: it is in fact through this that Zola frees himself from the romantic vision, anchors himself to a realistic project and launches into the creation of a new aesthetic, naturalism.
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