La guerre civile romaine dans la tragédie française (1550-1650). Analyse poétique et politique

par Guðrún Kristinsdóttir-Urfalino

Thèse de doctorat en Littérature et civilisation françaises

Sous la direction de Hélène Merlin-Kajman et de Ásdis R. Magnúsdóttir.

Soutenue le 20-01-2022

à Paris 3 en cotutelle avec Háskóli Islands , dans le cadre de École doctorale Littérature française et comparée (Paris) , en partenariat avec Formes et idées de la Renaissance aux Lumières (2005-... ; Paris) (laboratoire) .

Le président du jury était Jean-Charles Monferran.

Le jury était composé de Hélène Merlin-Kajman, Ásdis R. Magnúsdóttir, Jean-Charles Monferran, Emmanuel Buron, Toby Wilkstrom.

Les rapporteurs étaient Jean-Charles Monferran, Clotilde Thouret.

mots clés

• Tragédie française (1550-1650)
• Guerres de religion
• Poétique
• Saint-Barthélemy
• Exemplum
• Guerre civile romaine
• Fêtes de la Renaissance
• Lecture allégorique
• Vainqueurs et vaincus
• Tragédie française -- Thèmes, motifs
• Guerre civile -- Rome -- Au théâtre
• Politique et gouvernement -- France -- Ancien régime
• France -- 1562-1598 (Guerres de religion) -- Influence

Résumé

L’interrogation initiale à l’origine de la recherche est la question de la pertinence de la lecture politique des tragédies françaises de 1550 à 1650, question soulevée par l’importance de l’histoire romaine dans le choix des thèmes des tragédies. À partir d’un corpus limité de 14 pièces, celles qui utilisent les exempla de la guerre civile romaine, on montre non seulement que les tragédies françaises étudiées expriment bien des sentiments ou des idées politiques, mais que certaines d’entre elles opèrent ce que l’on pourrait appeler un travail d’élucidation des situations politiques liées d’abord aux guerres de religion, puis à l’affirmation d’une monarchie absolue. Ni tracts ou écrits directement politiques, ni traités savants, ces tragédies n’expriment ces sentiments et pensées que de manière indirecte via la poétique de chacune d’elles. La lecture politique des tragédies exige donc leur analyse poétique. Cette analyse révèle que la guerre civile romaine était un matériau allégorique prisé à l’œuvre dans chacune des pièces étudiées, mais aussi qu’elle a fourni un médium commun d’expression à tous les auteurs et à certains protagonistes de l’histoire française ; elle a notamment fourni un codage par exempla de la tripartition des camps qui s’affrontaient. L’usage de ces exempla varie non seulement en fonction des affinités des auteurs avec leurs milieux (protestants, ligueurs, catholiques « politiques ») mais aussi en fonction de la période de création : au XVIe, les tragédies accordent aux vaincus le soin de faire la leçon aux vainqueurs ; au XVIIe, Octave et la nature de son règne sont au centre de l’attention.

mots clés

• French tragedy (1550-1650)
• French wars of religion
• Poetics
• Saint-Bartholomew massacre
• Exemplum
• Roman Civil War
• Renaissance court festivals
• Allegory
• Victors and vanquished

Titre traduit

The Roman Civil War in French tragedy (1550-1650). Poetic and political analysis

Résumé

The initial question at the origin of the research pertains to the relevance of the political reading of French tragedies from 1550 to 1650, a question raised by the importance of Roman history in the choice of the themes of the tragedies. Based on a limited corpus of 14 plays, those which use the exempla from the history of the Roman Civil War, it shows first that the French tragedies under study express a variety of political ideas and positions, and that some of them perform what one might call a work of elucidation, first regarding the political situations linked to the wars of religion and later to the affirmation of an absolute monarchy. Neither directly political pamphlets, nor scholarly treatises, these tragedies express these positions and thoughts only indirectly through the poetics of each play as a whole. Their political reading therefore requires a poetic analysis. This analysis reveals that the history of the Roman Civil War was a meaningful allegorical material at work in each of the plays studied, but also that it provided a common medium of expression to the authors and to certain protagonists of French history. In particular, the Roman exempla provided a coding of the tripartition of the opposing camps. The use of these exempla varies not only according to the affinities of the authors with their respective political circles (Protestants, leaguers, « political » Catholics) but also according to the period of creation. During the XVIth century, the tragedies granted the vanquished the opportunity to voice their grievances to the victors ; in the XVIIth century, Octavian and the nature of his reign are the center of attention.