Thèse soutenue

La Chine à fleur de peau : agents d'influence anglophones et francophones en Chine et différence chinoise des corps : des années 1830 au début des années 1920

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Auteur / Autrice : Clément Fabre
Direction : Pierre SingaravélouAnne Carol
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 05/11/2022
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Sorbonne Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe (Aubervilliers, Seine-Saint-Denis ; 2002-....)
Jury : Président / Présidente : Antonella Romano
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Singaravélou, Anne Carol, Sylvain Venayre, Timothy Brook, Isabelle Surun, Frédéric Obringer
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvain Venayre, Timothy Brook

Résumé

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Des années 1830 aux premières années de la République chinoise, services diplomatiques occidentaux et sociétés missionnaires attendent des agents qu’ils déploient dans l’Empire des Qing qu’ils désamorcent la prétendue xénophobie chinoise pour faciliter la pénétration diplomatique, commerciale et évangélique du pays. Cette préoccupation constitue l’accès à l’intimité des populations et des autorités chinoises en enjeu crucial et fait des médecins missionnaires protestants comme des médecins français détachés auprès du Quai d’Orsay des acteurs importants des politiques d’influence diplomatiques et évangéliques en Chine. C’est à la lumière de ces dernières que cette thèse aborde les savoirs occidentaux sur la différence chinoise des corps. Le décalage entre l’absence de cohérence raciale de la Chine pour l’anthropologie raciale du XIXe siècle et l’essor, tout au long du siècle, de savoirs relatifs aux corps chinois invite en effet à étudier ces derniers, non comme une simple déclinaison de théories raciales, mais à partir même des savoirs pratiques développés sur le terrain par les diplomates, missionnaires et médecins anglophones et francophones que nous choisissons de désigner comme agents d’influence occidentaux en Chine. Parce qu’on attend d’eux qu’ils sachent interagir, négocier avec des interlocuteurs chinois, les convertir ou les soigner, il leur incombe de déterminer ce que l’écart entre corps occidentaux et chinois leur impose d’ajustements et d’apprentissages. C’est dans l’incorporation même des dispositions qu’il leur faut donc acquérir – depuis la maîtrise de l’étiquette chinoise jusqu’au savoir-faire de la pratique médicale en Chine – que sourdent les réflexions sur cet écart corporel, dont les stéréotypes relatifs aux corps chinois qui se figent progressivement au cours du siècle constituent bien souvent autant de vies posthumes. À les étudier ainsi au plus près de la pratique, on se donne les moyens de saisir ce que les savoirs sur la différence chinoise des corps au XIXe siècle doivent à une diversité de théories savantes autant qu’aux enjeux professionnels et aux ambitions sinologiques qui guident les agents d’influence sur le terrain ; à leur expérience corporelle et sensible de la Chine autant qu’aux processus de co-construction qui mettent en jeu divers types de fixeurs et de savoirs chinois.